Quelle est la particularité de votre agence et comment se positionne-t-elle sur le marché ?
Aurélien Vernant : Créée en 2007 par Nicolas Libert, collectionneur d’art, et Delphine Aboulker, architecte et sociologue de l’art, Architecture de Collection est la seule agence en France à combiner des expertises en histoire de l’art, en architecture et en immobilier.
Spécialisés dans l’architecture remarquable des 20e et 21e siècles, nous proposons à la vente des biens valorisés comme des œuvres habitables, ayant une dimension architecturale, esthétique, historique ; nous accompagnons nos clients vendeurs dans toutes les étapes de la commercialisation, envisagée comme un projet de transmission patrimoniale. En tant que passeurs nous créons ainsi des passerelles inédites entre l’art, l’architecture, l’histoire et l’immobilier.
Notre communauté fédère aujourd’hui 80 000 inscrits à la newsletter et aux réseaux sociaux – propriétaires, architectes, designers, entrepreneurs, tous amateurs passionnés d’architecture moderne et contemporaine.
Vous parlez d’œuvres architecturales. Comment sélectionnez-vous et évaluez-vous les biens que vous présentez ?
A. V. : Nous nous intéressons à des biens immobiliers situés partout en France, maisons ou appartements, porteurs d’une forte identité visuelle, d’innovation technique ou d’une expression architecturale particulière. Souvent signés par de grands architectes, ces biens remarquables sont valorisés en tant que témoins ou jalons de l’histoire des formes et des idées en matière d’habitat moderne et contemporain.
Pour expertiser et présenter nos biens, nous nous appuyons sur une équipe constituée d’historiens de l’art, de photographes et de négociateurs en immobilier formés à l’architecture des 20e et 21e siècles. L’objectif est de proposer ainsi, à la manière d’une galerie d’art, une compréhension historique, technique et commerciale de l’œuvre architecturale, en prenant en compte toutes les dimensions de la valorisation (immobilière, culturelle, patrimoniale).
Quelle place le béton y occupe-t-il ? Percevez-vous une évolution de sa nature ou de son emploi selon les périodes ?
A. V. : Étant spécialisés sur les 20e et 21e siècles, le béton est absolument incontournable et occupe une place prépondérante dans notre catalogue. Matériau d’avant-garde pour ses qualités structurelles et esthétiques, le béton révolutionne la construction entre 1900 et 1940. Il est apprécié des architectes, des entrepreneurs et d’une bourgeoisie éclairée qui se fait construire des villas modernistes comme autant de manifestes d’un nouvel art de vivre.
Après la guerre, il s’impose à grande échelle par ses qualités techniques et sa rapidité de mise en œuvre (c’est le temps de la Reconstruction et des Grands Ensembles). Dans les années 1960-70, il accompagne une forme de renouveau et de libération formelle autour d’une architecture expressionniste et pop.
Matériau durable et robuste, le béton s’inscrit aujourd’hui dans une dynamique d’hybridation technique et esthétique, pour des maisons contemporaines et des immeubles qui mixent les influences entre esprit minimaliste et tradition méditerranéenne, par exemple.
Pouvez-vous nous citer quelques exemples de biens en béton d’exception à votre catalogue, signés par de grands architectes ?
A. V. : Nombreux sont les architectes de renom à avoir signé des œuvres majeures en béton que nous avons la chance et l’honneur de commercialiser.
Ces biens remarquables peuvent être d’inspiration Art déco, comme l’Hôtel Martel ou l’atelier Tamara de Lempicka, de l’architecte Mallet-Stevens, ou encore le Studio Building d’Henri Sauvage.
Dans un autre style, la Maison Bordeaux-Le Pecq de Claude Parent est un témoignage de l’architecture brutaliste des années 1960, tandis que les Maisons Bulle d’Antti Lovag, ou de Joël Unal et Claude Häusermann-Costy, sont des chefs-d’œuvre de l’architecture organique.
Nous proposons aussi régulièrement des appartements à La Cité Radieuse de Marseille, et des maisons signées Le Corbusier (à Bordeaux ou en Ile-de-France).
À propos de Marseille, vous venez d’y ouvrir un bureau. Quel est le potentiel de cette région pour les œuvres en béton ?
A. V. : De la Provence à la Côte-d’Azur, de Marseille à Nice, le béton est un marqueur de l’aménagement du territoire et du paysage depuis 1900 (pour le meilleur et pour le pire). Cette région est une terre d’avant-garde, qui regorge de trésors architecturaux, et nous nous intéressons aussi bien aux maisons individuelles (modernistes ou contemporaines, de Le Corbusier à Ricciotti en passant par Lefèvre-Devaux et Maurice Sauzet) qu’aux habitats collectifs, à l’image des immeubles Pouillon sur le Vieux-Port, du Saint-Georges à Marseille ou de la résidence Marina Baie des Anges à Villeneuve Loubet.
