Pouvez-vous nous raconter la genèse de ces façades dépolluantes pour l’opération Heart Deco, une résidence située à Saint-Louis (Haut-Rhin) et inaugurée il y a trois semaines ?
Cédric Simonin : Depuis presque dix ans, nous avons beaucoup travaillé sur la qualité de l’air intérieur. Nous sommes d’ailleurs référant auprès de l’Ademe en ce domaine.
À partir de là, nous nous sommes aussi intéressés à la question de la qualité de l’air extérieur. Nous avons alors découvert que le cimentier Calcia avait dans ses tablettes un produit déjà utilisé pour des immeubles de bureaux et qui, par photocatalyse, absorbe et détruit des composés organiques, notamment le carbone, en le transformant en composé neutre. Nous avons trouvé intéressant d’appliquer en parement sur nos façades ce produit, qui consiste en des briques de béton. C’est une première en France et le bénéfice environnemental est réel : la façade représente une surface de 450 m² et absorbe le CO2 rejeté par l’équivalent de 20 voitures thermiques pendant un an.
Quelles sont les motivations de Trianon Résidences pour mettre en place une telle innovation ?
Cédric Simonin : Comme pour nos actions sur la qualité de l’air intérieur comme celles sur la gestion de l’eau ou le raccordement au chauffage urbain dès que c’est possible, nous le faisons parce que nous avons des convictions. L’ajout de cette façade dépolluante, qui a coûté 100 000 euros, n’a d’ailleurs pas été répercuté sur le prix au m² pour ces logements moyen-haut de gamme. Nous avons préféré prendre sur notre marge. Et nous n’en avons absolument pas fait un argument commercial.
Les acquéreurs de nos logements auraient acheté de toute façon, mais ces actions et innovations constituent un plus. Elles augmentent la valeur patrimoniale du bien. Il existe également chez les propriétaires une notion de fierté d’appartenance. En réalité, il est impossible de passer à côté d’une telle innovation. Nous avons déjà décidé de l’utiliser sur un autre bâtiment à Illkirch et nous le ferons sur les opérations situées le long de routes passantes.
Vous utilisez également le béton pour innover sur le plan esthétique mais aussi constructif. Pourriez-vous nous l’expliquer ?
Cédric Simonin : Le béton peut clairement avoir des vertus esthétiques et de très beaux rendus, notamment quand il est matricé. Sur le projet Eureka (Saint-Louis), une résidence de 141 logements dédiée à l’esprit des génies universels, nous avons reproduit en grand format le visage de personnalités comme Einstein ou Braille sur la façade de six bâtiments.
Ce « tatouage » a été mis en œuvre sur des dalles avec la technique de l’imprimante 3D pour du béton en relief et en couleur. Sur une autre résidence, nous avons enfin mis en place un système mixte poteau-dalle. Il permet des logements dénués de murs porteurs et dotés de façades-rideau afin de les rendre transformables au gré des évolutions familiales.