En positif ou en négatif, Jean Nouvel ne laisse jamais indifférent. Sa « calanque » marseillaise ne fait pas exception à la règle et lui attire sûrement le qualificatif de « fada » que les autochtones ont déjà accolé au nom d’un autre grand architecte, Le Corbusier, pour sa Cité radieuse.
Situé dans la ZAC Saint-Just, en face du Conseil général des Bouches du Rhône, cet ensemble de 546 logements traversants inauguré début 2021 se singularise par un très large îlot intérieur orienté plein sud qui rappelle les fameuses grandes criques rocheuses nichées entre Marseille et Cassis.
Pour recréer cette ambiance, les Ateliers Jean Nouvel ont imaginé des façades végétalisées représentant pas moins de 4 750 m², l’idée étant selon l’architecte de la Philharmonie de Paris de recréer une « petite falaise avec des rochers, des arbres, et des terrasses ensoleillées ».
Pour donner corps à cette architecture à la fois bioclimatique et déconstructiviste, le béton laissé apparent est omniprésent dans cet ensemble : structure des bâtiments, balcons et terrasses, jardinières en surplomb de façades non alignées auxquelles s’accrochent de manière anarchique des cubes, jardins sur dalles, rochers au pied des immeuble…
La présence d’un bassin et de chênes plantés en pleine terre ou d’essences méditerranéennes qui peuplent terrasses, balcons et toitures-jardins en font un îlot de fraîcheur inespéré.
Cette oasis en plein de Marseille, située le long d’axes routiers très passants, est protégé des bruits et de la pollution par une façade extérieure monumentale bleu en arc de cercle, lui aussi en béton, mais aligné et géométrique.
« Sculpter sous le bleu du ciel »
Cette organisation spatiale fait de l’îlot Adélaïde, pourtant imposant avec des immeubles de 7 et 15 étages, un lieu de convivialité ainsi que le souhaitait le promoteur spécialisé dans le logement social Ametis.
Une réussite lorsque l’on sait que « la calanque » regroupe des usages et des populations très variées : de l’accession libre, une résidence familiale en locatif aidé, des logements en accession sociale à la propriété, une résidence hôtelière à vocation sociale, une résidence pour jeunes actifs et des logements locatifs intermédiaires auxquels il faut ajouter 700 m² de locaux d’activités en rez-de-chaussée.
Ce projet, c’est sûrement Jean Nouvel lui-même qui en parle le mieux : « Créer un paysage pour l’habiter. Le sculpter sous le bleu du ciel, avec des rochers souvenirs de calanques. Mais aussi pour le protéger : derrière la courbe d’un grand mur bleu, loin des nuisances, il cultivera son secret. »