« Un bateau au bord de la rivière Adour. » C’est ainsi que l’architecte André Granet visualise Le Splendid de Dax (Landes) au moment de sa conception, à la fin des années 1920.
« Le bâtiment reproduit l’art de vivre sur un paquebot avec un salon d’apparat doté de son grand escalier et sa cascade lumineuse, la salle de restaurant, le fumoir et le hall voyageurs », note Sandrine Forais, Agence Kapzul.
L’architecte a mené la rénovation, achevée en 2018, de ce bâtiment qui vient de rouvrir après le confinement. Le plus étonnant au regard de l’aspect luxueux de cet édifice, classé monument historique et devenu un établissement 4 étoiles, est qu’il n’était pas uniquement un hôtel à l’origine.
À son inauguration en 1928, il servait également pour les cures des anciens combattants de la Première Guerre Mondiale, d’où ces immenses sous-sols transformés en sanatorium.
Le béton armé, novateur en 1928
« La façade et l’ensemble du bâtiment ont une ossature en béton armé, tout comme les planchers à caissons, parmi les premiers du genre. C’était une technologie très novatrice à l’époque, qui convenait bien à cette période où l’argent était rare, car elle permettait de construire vite et peu cher », indique Sandrine Forais.
Mais Le Splendid est aussi un exemple de recyclage des matériaux avant l’heure. « C’est un palimpseste, un bâtiment construit sur un autre. Au départ, il y a un château du Moyen-Age, puis un hôtel particulier du XVIIIe qui a brulé, suivi d’un autre démoli. Les moellons issus de la destruction ont été réutilisés pour le remplissage par de la pierre des murs de façade », indique l’architecte.
Un sablage pour les extensions
Fermé depuis trois ans, le bâtiment dépérissait lorsque la mairie de Dax, propriétaire des lieux, a décidé d’une rénovation.
« Le Splendid, c’est comme la Tour Eiffel pour Paris ! Le laisser mourir était une catastrophe. C’est là que se tiennent les mariages, les baptêmes, les réunions de famille », explique Sandrine Forais.
Le chantier est énorme : 13 500 m² de surface, 149 chambres, un sous-sol à transformer en Spa. Des disqueuses de deux mètres de diamètre, qui évitent les vibrations, ont découpé la façade du bâtiment pour faire rentrer camions et engins. Un plancher à caissons est enlevé et quatre pilastres en béton sont construits dans le grand bassin.
« L’intérieur reste fidèle au style Art déco avec des carreaux de faïence pour la partie immergée et du béton apparent peint pour celle hors de l’eau. L’idée a aussi été d’exhumer l’histoire du bâtiment. Les voutes du château, complètes dans le petit bassin d’eau salée, sont ainsi mises au jour. Le sol est recouvert de dalles en grès cérame. »
Les salles de réception sont rénovées à l’identique, notamment la cascade lumineuse qui n’avait pas été nettoyée depuis l’ouverture, tout comme les coques en staff canelés des poteaux en béton du grand hall (l’ancien salon d’apparat).
Sur la façade arrière, les rampes descendantes ont fait place à deux extensions pour éviter l’inondation du spa en sous-sol. En structure béton afin de rester en harmonie avec le bâtiment d’origine, elles sont recouvertes de panneaux préfabriqués fait du même matériau. Des motifs de palmes qui rappellent les années trente, avec quatre pourcentages de sablage différents pour créer une profondeur, sont apposés dessus.