Le schiste se marie bien avec le béton
Situé dans la banlieue de Liège, le projet « Parc des Terrils », signé Pierre Ide, Arthur Bila, César Delebarre-Debay et Thibault Deschatre, repose d’abord sur une réflexion autour des terrils caractérisant la région : « Nous nous sommes demandé comment créer un nouveau paysage », explique Pierre Ide.
Réponse ? Concevoir un programme 4-en-1 : une opération de 60 logements, une serre champignonnière à dimension expérimentale qui va permettre de cultiver des fruits exotiques, une patinoire implantée près d’un axe routier pour créer une animation, et des thermes.
« Pour faire écho au lieu, nous avons imaginé un béton intégrant du schiste provenant des terrils, explique Pierre Ide. Il se substitue en partie au sable. »
C’est aussi un béton à l’apparence innovante : il offre une surface rugueuse, avec des agrégats de schiste qui scintillent.
« Dans le bâtiment des thermes, les personnes qui marchent dans l’eau ont l’impression d’avoir des étoiles sous leurs pieds », glisse Pierre Ide.
Deux silos dédiés à la jeunesse et au logement
Dans l’Oise, la ville de Mouy souhaite attirer de nouveaux habitants et est en quête d’un lieu pour les activités culturelles. Face à ces besoins, Simon Martin a imaginé la reconversion de deux silos à grain désaffectés depuis 2006.
Dans le premier, il a installé un pôle jeunesse comprenant une école de musique, un FabLab, un espace de coworking, une salle d’exposition et une médiathèque. Le second silo a quant à lui été transformé en logements, allant du T1 au T5, sur 12 niveaux.
« Le béton des silos est de bonne qualité, il atteint 25 cm d’épaisseur sur les murs porteurs, et les poteaux font 80 cm de diamètre, explique Simon Martin. Une telle structure, capable de supporter une charge de milliers de tonnes, offre la possibilité de reconfigurer les lieux pour de nouveaux usages et de créer des programmes très variés. »
Une minoterie transformée en pôle universitaire
A l’entrée de Nantes et en bord de Loire, sur un ancien site industriel voué à un réaménagement global, Martin Painsar a choisi de réhabiliter une minoterie datant de 1895, l’un des premiers bâtiments construits avec le procédé Hennebique.
Il s’agit de la reconvertir en pôle universitaire dédié à la biodiversité : « Le projet a pour but de réinterroger l’usage du béton dans ses formes existantes, plutôt que de démolir et reconstruire. » Le bâtiment a une capacité porteuse très importante, d’une tonne par mètre carré.
« C’était notamment l’occasion d’apporter des épaisseurs de terre sur le toit et sur le périmètre du bâtiment, sur différents niveaux de terrasse, afin de planter des arbres de 2 à 4 m. Les terrasses plantées sur le pourtour du bâtiment sont fermées par des parois de verre qui génèrent un effet de serre en hiver, ce qui permet de chauffer le bâtiment, ou qui assurent une ventilation naturelle, si elles sont ouvertes. »
Un musée d’histoire naturelle pour Nancy
Réunir au cœur de Nancy des collections dispersées et ignorées du public, tel est le pari du projet de musée d’histoire naturelle proposé par Martin Perrin. Placé au sein du jardin botanique Godron, premier jardin de la ville créé au XVIIIe siècle, ce projet vient en redessiner l’entrée.
Également situé à proximité du canal qui relie la Marne au Rhin, il se fait le vecteur d’une reconquête des quais. Grâce aux qualités structurelles du béton, le bâtiment est composé de deux voiles hauts de 8 m pour 96,6 m de portée, qui supportent une succession de poutres auxquelles sont suspendues les dalles des salles d’exposition. Le rez-de-chaussée est ainsi exempt d’éléments structurels.
Les lauréats de l’édition 2018-2019
Organisé depuis 2012 par l’association Bétocib, le Centre d’information sur le ciment et ses applications (Cimbéton) et la Fondation École Française du béton, sous le patronage du ministère de la Culture, le Trophée béton Écoles a pour mission de mettre en lumière les jeunes talents des écoles d’architecture françaises. Il a pour but de révéler les futurs professionnels, de les parrainer et de leur offrir une visibilité à l’orée de leur vie professionnelle. L’édition 2019, après avoir sélectionné dix finalistes, a récompensé quatre projets et attribué une mention spéciale :
1er PRIX
Aline Cousot & Enzo Sessini – “La ville cryptée : les sous-sols de la Place d’Italie Paris XIIIe”– ENSA Strasbourg.
Sous la direction de Dominique Coulon, Didier Laroche et Thomas Walter
2e PRIX
Sabine Frémiot – “La Tour Carrée”, Francfort (Allemagne) – ENSA Marne-la-Vallée
Sous la direction d’Eric Lapierre
3e PRIX
Pierre Ide, Arthur Bila, César Delebarre-Debay, Thibault Deschatre – “Le Parc des Terrils”, Vallée Mosane, Liège (Belgique)– ENSA Clermont-Ferrand
Sous la direction de Simon Teyssou et Olivier Malcles
4e PRIX
Steve Meyer – “Blackfriars Station”, un pôle d’échanges multimodal au cœur de Londres – INSA Strasbourg
Sous la direction de Hugues Klein
MENTION SPÉCIALE
Simon Martin – “Les silos de Mouy”, vallée de Thérain (Oise) – ENSA de Normandie
Sous la direction d’Hervé Rattez et Laurent Sfar