Mission rénovation pour le Théâtre de Chaillot
En lieu et place du palais du Trocadéro (Paris) – vitrine de l’ingénierie française durant l’exposition universelle de 1878 -, l’actuel Palais de Chaillot a vu le jour en 1937. C’est là, dans son aile gauche, qu’a élu domicile le théâtre du même nom, avec ses salles Jean Vilar et Firmin Gémier. Construite dans les années 1960 – dans un espace auparavant occupé par un fumoir ! -, cette seconde salle est en cours de rénovation, selon un projet conçu par l’architecte Vincent Brossy. Objectif : la restructurer et y améliorer l’accessibilité intérieure, tant pour les personnes que pour les décors. Les travaux s’achèveront en mars 2017.
Une double enveloppe de pré-murs…
Le volume dévolu à la salle Firmin Gémier du Théâtre de Chaillot a été entièrement vidé puis agrandi de 4 m en profondeur et d’autant en largeur. « Nous avons creusé 4 000 m³ de pierre », précise Bertrand Desmarais, architecte et chef de projet à l’OPPIC. De ces travaux va naître une “black box”, soit un espace complètement modulable avec un nouveau plafond technique, une vaste arrière-scène et des gradins télescopiques. Les murs en brique adjacents ne pouvant supporter le coulage de béton, la solution retenue a consisté à construire un cube d’une hauteur de 15 m. Il est constitué d’une double enveloppe de pré-murs en béton de deux épaisseurs – 25 cm à l’extérieur et 20 cm à l’intérieur –, séparés par une couche de 10 cm d’isolant acoustique. Une solution parfaitement adaptée aux circonstances, précise Bertrand Desmarais : « Cela permettait de construire très vite et ainsi de réduire les probabilités que le bâtiment ‘gigote’ à cause de l’espace vide que nous avions creusé. Tout en réduisant les coûts. » Pour solidariser les deux enveloppes, l’entreprise Léon Grosse, chargée des travaux, a eu recours à des attaches spécifiques précise Fabien Loiseau, directeur des travaux : « Nous avons créé des pattes de fixation en acier galvanisé, avec des appuis en néoprène pour éviter la transmission des bruits solidiens. »
… et un meilleur accès
Les travaux au Théâtre de Chaillot prévoient également de relier l’escalier principal du théâtre avec le hall de la salle Firmin Gémier. Des circulations nouvelles donneront accès à la partie basse de la nouvelle salle. Le projet permettra également une meilleure gestion des décors grâce à deux améliorations. D’abord l’aménagement de la voie d’accès vers l’avenue Wilson, mais surtout la création d’un monte-décor qui desservira les deux salles (Jean Vilar et Firmin Gémier). Pour l’installer, les équipes du chantier ont creusé un puits de 29 m dans les lits de calcaire de l’ancienne carrière de Chaillot, sur laquelle repose le théâtre.
Un “outil scénique absolu”
« La difficulté majeure était d’inscrire les travaux dans un monument historique de cette valeur et avec cette fréquentation, explique Bertrand Desmarais. Nous avons réussi à loger tous les ouvriers dans l’espace du chantier et à créer une petite zone de travaux qui émet le moins de nuisances possibles. »
Les structures existantes ont aussi contribué au bon déroulement de l’opération. « Le bâtiment est bien entretenu et la structure peut encore tenir plusieurs siècles », explique Bertrand Desmarais.
Une fois les travaux achevés, le théâtre de Chaillot va changer du tout au tout, ajoute-t-il : « Avant, la salle Firmin Gémier était étroite, de sorte que les gens placés au fond avaient une mauvaise vision. Elle avait aussi un nez de scène très haut par rapport au premier rang. Les spectateurs étaient donc au ras des pieds des danseurs. C’était catastrophique. Maintenant, scène et public pourront être disposés à n’importe quel endroit avec une vision parfaite. C’est l’outil scénique absolu. »