Créer de l’espace là où il y en a peu, miser sur la solidité pour endurer l’usage du bâtiment et marquer les esprits dans un quartier en pleine revitalisation. Tel est le cahier des charges fixé par la Communauté urbaine du Grand Reims à l’architecte Jean-Pierre Lott pour la construction d’un équipement en capacité d’accueillir l’École des Beaux-Arts de la ville, fondée en 1748 et qui est établie sur deux sites.
Et c’est en utilisant de manière judicieuse les potentialités du béton que l’architecte, qui a notamment imaginé une étonnante villa troglodyte à Monaco en 2019 et qui vient de livrer une grande bibliothèque à Strasbourg (Le Studium), a conçu ce projet dont la construction démarrera en octobre 2023.
Un bâtiment dense mais ouvert
C’est dans le quartier de Port Colbert que l’École Supérieure d’Art et de Design (ESAD) s’installera, à proximité immédiate du centre-ville de Reims, sur une ancienne friche industrielle.
Situé le long d’un canal, « collé » aux Magasins Généraux, édifice tout en béton des années 1930, près d’un nouveau quartier de logements et du futur bâtiment de l’école de commerce Néoma, le projet doit se déployer sur une parcelle réduite et être aligné avec les futures voies le long du cours d’eau.
Soucieux de réaliser un équipement ouvert sur l’extérieur, Jean-Pierre Lott a conçu une spectaculaire tour de béton de 30 mètres de haut, garnie de balcons, de terrasses, et dotée d’un grand hall d’entrée ouvert sur l’extérieur : « Nous avons fait le choix de la densification avec un bâtiment de 9 000 m² sur un terrain de 3 500. Et l’idée était de trouver des extérieurs dès que possible pour avoir un bâtiment qui dialogue avec le contexte du canal et soit le contraire d’un monolithe. Chaque niveau offrira des espaces extérieurs aux étudiants, tandis qu’un petit amphithéâtre, un jardin et un parcours d’exposition seront installés sur le toit. »
Courbes, plans inclinés et porte-à-faux
Réaliser un bâtiment qui réponde à sa fonction, à savoir un lieu accueillant et adapté à des étudiants en art, est l’autre priorité.
Dès l’entrée, le visiteur voit l’ensemble grâce au grand hall qui se développe sur toute la hauteur du bâtiment et dans lequel se déploie une rampe qui dessert tous les étages. Cet élément sert de parcours d’expositions, de lieu d’enseignements et de rencontres », explique l’architecte. Le bâtiment abrite de grands ateliers polyvalents et spécifiques (bois, métal, sérigraphie…) dont les ouvertures voûtées permettent de voir le travail depuis la rue.
Tout en courbes, plans inclinés et porte-à-faux de béton, le projet de l’ESAD vise à offrir une architecture riche d’effets graphiques et un lieu de travail stimulant pour les étudiants.
« Puisqu’elle accueille une école des Beaux-Arts, elle doit être singulière, très expressive, refléter sa fonction culturelle », estime Jean-Pierre Lott. Une préoccupation qui rejoint celle de la Communauté urbaine de Reims, qui veut faire de l’école un repère architectural fort au centre de ce nouveau quartier.
Le béton, matériau des possibles
Pour réaliser toutes ces fonctions, le béton, entièrement coulé en place, s’est imposé naturellement à l’architecte.
« Il permet de construire des dessins, de mettre en scène et en valeur ses idées, comme celle du parcours avec le plan incliné dans le projet de l’ESAD. Techniquement, il rend possible un porte-à-faux de 10 mètres ou une courbe élancée. »
En extérieur, le choix a été fait d’un béton brut. Ce matériau permet aussi d’avoir un bâtiment extrêmement solide, avance l’architecte : « Dans les ateliers, les murs et les sols sont mis à rude épreuve. Tous les supports sont bons aux étudiants pour travailler : ils suspendent, ils accrochent, ils tapent… »
L’ouverture de l’école est prévue pour la rentrée 2025.