Le biomimétisme… Un terme mystérieux pour désigner un processus que les hommes pratiquent depuis na nuit des temps, mais qui n’a été conceptualisé que depuis une trentaine d’années.
Kalina Raskin, directrice générale du CEEBIOS, le Centre d’études et d’expertises en biomimétisme, en donne une définition simple et qui permet de mesurer son large champ d’application : « Observer et comprendre comment fonctionne les systèmes vivants et voir dans quelle mesure cet apprentissage peut être utile pour notre propre innovation. Il s’applique dans tous domaines : mathématique, physique, chimie, transports, ingénierie, aéronautique, énergie et même la construction. »
Inspiré des termitières
L’Eastgate Building à Harare (Zimbabwe) est sans doute le bâtiment le plus célèbre et le plus emblématique du courant biomimétique. Son architecte, Mick Pierce, s’est inspiré des termitières situées sous les mêmes latitudes, caractérisées par de très gros écarts de température entre jour et nuit, pour concevoir un système de ventilation naturelle.
Un cas d’école encore trop rare selon Kalina Raskin : « Pour l’instant, la mise en œuvre des principes du biomimétisme dans le monde du bâtiment, qui aboutit à la collaboration entre un architecte et un biologiste, est souvent due au hasard, comme pour Pierce. Il n’y a pas forcément un cheminement scientifique derrière. C’est pourquoi nous avons co-encadré une thèse du Muséum d’histoire naturelle de Paris, dont le but était de créer des canevas idéologiques afin que, demain, un architecte qui souhaite faire du biomimétisme appliqué à l’enveloppe du bâtiment se pose les bonnes questions et accède aux bonnes ressources. »
A l’échelle d’un quartier, le biomimétisme va servir à mettre en place des dispositifs qui reproduisent les écosystèmes (énergie solaire, séquestration du carbone…). Il va également être utilisé sur des « briques élémentaires » liées au bâtiment. Le béton a alors toute sa place et de nombreuses start-ups cherchent à transposer « l’expérience » du vivant pour optimiser l’utilisation du matériau de construction.
Les équipes de recherche allemandes du Dr. Werner Sobek travaillent sur le développement de béton poreux à porosité graduelle en s’inspirant de l’os humain. Du gaz est injecté en cours de solidification du matériau pour alléger la structure tout en garantissant les propriétés biomécaniques du béton.
Les équipes de recherche néerlandaises de l’université de Delft en partenariat avec la start-up Basilisk développent des bétons autocicatrisants grâce à des bactéries encapsulées qui sécrètent de la matière pour combler les fissures. X-TreeE, spécialiste français de l’impression 3D, utilise des algorithmes bio-inspirés pour n’utiliser le béton que là où il est nécessaire.
Les grands industriels du secteur commencent également à s’intéresser au biomimétisme, ainsi que l’indique Kalina Raskin : « Le CEEBIOS travaille avec le groupe cimentier Vicat, qui soutient les réflexions sur le biomimétisme appliqué au secteur de la construction depuis plusieurs années. L’industriel est ainsi partenaire de la thèse CIFRE « Enveloppe bio-inspirées » du Muséum d’histoire naturelle et du CEEBIOS. »