Le nouvel Antipode, dont vous avez conçu l’architecture, ouvre en septembre. Qu’apporte-t-il par rapport à l’ancienne MJC du même nom ?
Dominique Coulon : En s’implantant dans le quartier de La Courrouze, Antipode devient un vrai pôle culturel. On y trouve une Smac, associée à des loges, une salle de répétition, un bar et un espace catering pour les artistes en tournée, ainsi que des studios d’enregistrement.
Ce pôle de création musicale donne sur une grande agora qui dessert un autre bar, une médiathèque et une MJC, avec des salles d’animation pour enfants et adolescents, un espace pour les jeunes du quartier et des salles de danse. L’esprit n’est donc plus le même car trois programmes très différents sont désormais réunis.
Quelles idées fortes ont guidé votre projet architectural ?
D. C. : Le cahier des charges était très précis : le bâtiment devait obligatoirement être foncé et étendu, pour accueillir tous les programmes que j’ai cités précédemment. Nous avons donc imaginé un lieu avec deux grandes entrées – l’une pour la Smac et l’autre pour la médiathèque –, auxquelles s’ajoute une entrée de service pour les camions. Notre parti pris a été de créer cette grande agora au cœur du dispositif : baignée de lumière naturelle, c’est elle qui distribue tous les programmes. Elle est en quelque sorte le cœur du nouvel Antipode, un lieu de repère et de rencontre.
Le béton était-il une évidence ?
D. C. : Oui. Non seulement parce que j’aime bien utiliser ce matériau, mais aussi parce que la Smac avait des exigences acoustiques très fortes que seule une salle en béton pouvait remplir.
S’agissant des éléments en porte-à-faux, le béton en voile drapeau nous permet d’obtenir cette masse en lévitation. Quant à l’agora, elle est entièrement en béton, ce qui lui permettra de s’adapter à tout type d’usage.
Le bâtiment du nouvel Antipode enjambe le métro. Comment le béton vous a t-il aidé à réaliser cette prouesse ?
D. C. : À l’endroit du métro, il ne pouvait effectivement pas y avoir de fondation. Le béton nous y a aidé. Avec le principe du voile en drapeau, il est possible d’obtenir des masses déportées qui font que les fondations sont en retrait par rapport à la volumétrie du bâtiment.
Et sur le plan esthétique ?
D. C. : De l’extérieur, le nouvel Antipode est noir. C’est du béton teinté dans la masse, qui confère une certaine densité. Entre cet extérieur foncé et un intérieur lumineux, conçu comme une boîte de lumière, le contraste est fort. Le béton apporte aussi une certaine noblesse à l’agora, c’est une belle matière, devenue intemporelle.
L’ouverture de ce lieu de culture et de partage a t-elle une signification particulière à vos yeux ?
D. C. : Je suis très content de son ouverture. C’est un projet auquel ont été associés les utilisateurs, ce qui est une très bonne chose pour son développement futur, et dont la pluralité des programmes va permettre d’accueillir des populations très différentes.