En 2019, le village du Castellet, dans le Var, lance un appel à candidature pour l’extension d’une école primaire, Le cahier des charges comporte la création de cinq classes primaires et de deux classes maternelles avec leur dortoir et les sanitaires. L’extension du réfectoire et la réalisation d’un préau complètent le projet.
Un hommage en béton à Jean de La Fontaine
L’architecte Laurence Zolémian Wilmart commence ses esquisses. Après 10 ans dans l’agence de Rudy Riccioti, elle connaît les possibilités du béton.
Pourquoi ne pas incruster quelque chose dans celui des façades ? Et comme Jean de La Fontaine est né il y a 400 ans tout rond, pourquoi ne pas lui rendre hommage ?
Avec le bureau d’étude Snapse en charge de la maîtrise d’œuvre, elle étudie les possibilités, active son réseau et cherche les moyens de mettre en musique cette idée.
« Trouver les bonnes façons, dans les prix et les bonnes personnes au bon moment, c’est passionnant. C’est pour ça que je fais ce métier » se réjouit l’architecte.
Une technique de photogravure sur béton inédite
Le projet prend forme et la rencontre avec l’équipe de ProTCo est déterminante. Leur procédé de photogravure sur béton est une première, non seulement en France, mais dans le monde.
Chaque image, vectorisée est décomposée en plusieurs feuilles de polymère imprimées en relief. Celles-ci sont collées directement dans les banches avec un plan de repérage puis le béton blanc est coulé.
« Notre procédé permet de créer un motif en creux de 500 microns. Au décoffrage, on attend une quinzaine de jours pour que le béton soit bien sec. Une lasure hydrofuge colorée est alors appliquée uniformément au rouleau. En ponçant légèrement cette couche, l’image apparaît », explique Maxime Perrin, directeur général de ProTCo.
Gustave Doré et les fables de La Fontaine
Perrette et son pot au lait, le loup, l’agneau, le renard et le corbeau, le seigneur lion et le rat, le chat et la souris… Sept fables de La Fontaine, une par classe, seront gravées sur les murs.
Laurence Zolémian Wilmart recherche le graphisme idéal, « Je voulais des gravures très graphiques, avec des épaisseurs de trait différents. Elles devaient être en noir et blanc et bien contrastées ».
Son choix se porte sur les illustrations de Gustave Doré qui ont fait rêver tant de générations d’enfants. Elles seront agrandies au format de 2,5 mètres par 2,5 mètres et photogravées dans le béton.
Des tests sont réalisés in situ pour voir le rendu. Quelques éléments du cahier des charges sont imposés par le Plan Vigipirate.
« Aujourd’hui, les enfants ne peuvent plus être vus de l’extérieur des salles. Nous avons donc décidé de prolonger les images sur le vitrage des classes par un film adhésif ».
L’architecte se souvient du contexte particulier de ce chantier : « Nous avons été ralentis par la Covid-19 » Mais elle est heureuse du résultat et la rentrée s’est bien déroulée. « L’autre jour, un papa avec ses enfants s’est arrêté avec la poussette pour leur expliquer les images. C’est la meilleure des récompenses ! », conclut Laurence Zolémian Wilmart.