En quoi le projet de restructuration de l’immeuble de bureaux Galilée est-il symbolique des évolutions actuelles et à venir du monde du travail ?
Philippe Barthélémy : Lightwell est un projet emblématique des enjeux contemporains de l’architecture dans le secteur tertiaire. Il s’agit d’une réhabilitation lourde qui transfigure l’existant pour donner jour à un lieu précurseur, offrant une nouvelle expérience de travail, centrée sur la flexibilité, le confort et le lien social.
Nous avons conçu ce projet comme un véritable lieu de vie, chaleureux et inspirant. Son architecture favorise l’interaction en s’articulant autour d’un atrium monumental, de terrasses extérieures végétalisées et d’une rue intérieure animée. Le bâtiment réunira, sur dix étages d’espaces de travail, un grand nombre de services, un business center avec un auditorium modulable, un centre dédié au sport et au bien-être, et un rooftop.
D’un point de vue architectural, qu’est-ce que cela implique, autant pour l’organisation des espaces que pour l’esthétique et l’écriture globale ?
P. B. : L’objectif a été de renouveler l’image du bâtiment et ses usages. L’écriture architecturale est transfigurée par la réalisation d’une vêture en aluminium laqué sur l’ensemble des façades. Les changements d’orientation de ses éléments inventent une géométrie modulaire, dont la cinétique confère au projet une image dynamique et moderne. La façade sur le parvis est aussi redessinée, son avancée créant une surface supplémentaire à tous les étages.
L’organisation des espaces a également été réinventée. Le décloisonnement complet du niveau d’accueil crée une large galerie en double niveau qui relie les deux halls et distribue les services. Suivant cette même démarche d’ouverture, les plateaux de bureaux sont transformés afin de répondre aux impératifs d’efficacité, de flexibilité et d’évolutivité.
Pourquoi cette restructuration est-elle dite “bas carbone” ?
P. B. : Lightwell est un projet ambitieux, aussi bien en matière d’écriture architecturale que de stratégie environnementale, avec des objectifs tels que les labels HQE exceptionnel, BREEAM excellent et BBC Effinergie Rénovation RT -40%.
Pour y parvenir, nous avons mis en œuvre un dispositif d’économie circulaire de grande ampleur, puisque plus de 85 % des déchets du chantier sont réemployés ou recyclés. L’ancienne vêture en pierre est par exemple concassée et réutilisée comme agrégat pour le terrazzo qui recouvrira les sols. D’autre part, nous avons privilégié les matériaux biosourcés français et européens.
Concernant le béton, plus particulièrement, la structure existante est en partie préservée et le reste est démoli, recyclé et réemployé in situ ?
P. B. : Nous avons mené nos études de manière à préserver autant que possible la structure existante du bâtiment. Les deux tiers sont conservés, et 100 % du béton démoli est recyclé en granulats, en partie utilisés pour le béton neuf du projet. La maxime de Lavoisier caractérise parfaitement Lightwell : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »
Aux yeux d’un architecte tel que vous, qui avez conçu en béton la monumentale tour radar de Saclay, le projet Lightwell donne-t-il des gages de confiance dans la capacité du béton à opérer sa mue pour contribuer à la transition écologique ?
P. B. : Tout à fait, d’ailleurs, nous suivons de près les évolutions liées à l’utilisation des bétons bas carbone et des constructions mixtes bois/béton.