Vous avez remporté le concours SNBPE/Cimbéton sur le thème des infrastructures de transport décarboné. Qu’est-ce qui vous a incitées à candidater ?
Marie Martel et Clémence Charron : Avec Matthieu Langlade et Flavie Bonhomme, qui ont participé avec nous à ce concours, nous avons souhaité travailler sur la thématique des transports de passagers comme de marchandises. Indissociables de nos modes de vie, ils conditionnent les échanges de biens et la circulation des personnes, le travail et les loisirs. Et, dans un futur décarboné où les déplacements en voiture et en avion seront limités pour lutter contre le changement climatique et protéger l’environnement, le train alimenté en électricité apparaît, au niveau intercontinental, comme le transport de l’avenir. L’idée de présenter une solution innovante et vertueuse pour créer des transports post-TGV dans le cadre d’un concours a par ailleurs été une motivation supplémentaire.
En quoi consiste votre projet d’infrastructure de transport en béton, et quelle est sa valeur ajoutée ?
M.M et C.C : Il s’agit d’une infrastructure ferroviaire en béton qui utilise des sources d’énergie décarbonée en fonction des territoires traversés. Cela peut être de l’énergie solaire, de l’éolien, de l’hydro-électricité ou de la biomasse en fonction des ressources disponibles. L’énergie produite localement serait stockée grâce à des super condensateurs.
Linéaire et continue pour assurer le transport de passagers comme de marchandises, elle serait envisageable sur de grandes distances en reliant des pôles urbains, mais aussi sur de petites distances en zone urbaine. L’idée sous-jacente est qu’elle soit toujours autonome en énergie et garantisse l’intégrité et la biodiversité des territoires traversés.
Pourquoi avoir choisi le béton pour votre infrastructure ? Pour quels usages et quels atouts ?
M.M et C.C : Le béton est un matériau à la fois ancien et moderne qui offre la possibilité de construire une infrastructure de transport robuste et massive, à grande échelle. Dans notre projet, il servirait à la réalisation de grandes arches. Ces dernières, servant de support aux voies ferrées et aux super condensateurs, permettraient aussi le passage des hommes, de la biodiversité et de l’eau. Économe à la construction et facile à mettre en œuvre, le béton résiste aux inondations et aux incendies, et dure longtemps. Nous apprécions également son côté polymorphe et modulable pour s’adapter à des environnements différents et à des constructions variées.
En termes de faisabilité, cette solution est-elle envisageable aujourd’hui ?
M.M et C.C : Les contraintes de réalisation sont davantage d’ordre énergétique que d’ordre structurel. Les blocs de béton seraient coulés en place en position horizontale, puis levés et assemblés les uns aux autres. Ils assureraient les missions structurelles de portée, de transmission des charges au sol et de résistance, en réponse aux objectifs de simplicité, de robustesse et de massivité recherchés. Nos connaissances actuelles ne nous permettent pas, en revanche, d’imaginer un béton qui transmettrait le courant électrique à une intensité suffisante pour alimenter un train.