En zone inondable
Lancé par le Conseil Départemental du Gard, accompagné par la SPL30 son mandataire, le projet de reconstruction du collège de Remoulins (Gard) arrivera à son terme en janvier prochain. Il faut dire que cet établissement, construit sur le terrain de l’actuel, multipliait les contraintes.
« La répétition des inondations a conduit au renforcement du plan de prévention des risques, ce qui implique un impact hydraulique nul sur les habitations riveraines », mentionne Christophe Ramonatxo, cabinet NM2A Architecture, associé à AMG Architectes sur ce projet.
Le terrain est également situé en zone sismique et soumis, près du Pont du Gard, à des fouilles archéologiques préventives. Le collège doit aussi répondre à un haut niveau d’exigence environnementale et de respect de la biodiversité avec le label “Bâtiment Durable Occitanie niveau Or”, une exigence du Département du Gard.
Construit sur pilotis
Présenté en juillet 2019, l’ambitieux projet a coché toutes les cases du cahier des charges. Entièrement construit sur pilotis pour ne pas perturber l’écoulement hydraulique en cas de fortes pluies, l’ensemble en béton et bois de 4 000 m2 abrite un bassin de rétention par infiltration de 3 325 m2 situé sous les bâtiments et un autre bassin paysager. Près de 200 pilotis en béton ont ainsi été coulés dans des fondations reliées entre elles pour répondre aux normes sismiques. Les fondations, les pilotis, les dalles et les voiles porteurs ont été réalisées en béton bas carbone, soit environ 75% des bétons utilisés.
« Au total, 5 500 m3 de béton ont été mis en place, dont 4 200 à faible teneur en carbone, explique Rémi Gerbal, Directeur de travaux principal chez Eiffage Construction. Cemex, depuis son unité de production de Montfrin située à seulement 7 km du chantier, a fourni à Eiffage les bétons dont une des particularités est d’être composés de sables et granulats extraits à proximité. »
Des bétons architectoniques ont également été utilisés pour les façades et les circulations intérieures. Au rez-de-chaussée, le sol de la rue intérieure est réalisé en béton quartzé tandis qu’à l’extérieur, le parvis, les coursives et le préau sont en béton lissé ou sablé à haute pression.
Bâtiment à énergie positive
Pour répondre aux exigences environnementales, plusieurs solutions ont été mises en œuvre. Outre la mise en œuvre de béton bas carbone, des matériaux locaux et biosourcés ont été privilégiés : bois pour la charpente (Douglas du Jura), paille et balle de riz pour l’isolation (Camargue), pierre de Vers Pont du Gard pour les murs.
Labellisé “Bâtiment à énergie positive”, le collège dispose d’une chaufferie 100 % bois et de 550 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur la toiture du bâtiment d’enseignement. Celles du réfectoire et du CDI ont été végétalisées pour optimiser le confort thermique, tandis qu’un système de ventilation naturelle nocturne assure le rafraîchissement des salles de cours.
« Conçu en architecture bioclimatique, ce collège optimise les apports de chaleur et de lumière naturelle et minimise les apports de matériaux carbonés, pour réduire son empreinte et produire plus d’énergie qu’il en consomme », souligne Christophe Ramonatxo.
Projet exemplaire en BIM
Réalisé en à peine 15 mois, le collège de Remoulins a recours au BIM (Building Information Modeling) Niveau 2, de la conception à la réalisation, ce qui a permis de raccourcir la phase d’études et d’améliorer la collaboration entre les intervenants.
Labellisé BEPOS (E3C1), NOWATT, BDO Or et il réunit 2 020 m2 de locaux d’enseignement, un centre de documentation de 370 m2, un réfectoire de 671 m2, une cour de récréation, 4 terrains de basket, 2 de handball, 1 d’athlétisme, 3 logements de fonction et 65 places de stationnement.
« Ce projet a été exemplaire par la multiplicité des contraintes et des matériaux que nous avons utilisés à bon escient au bon endroit, conclut Christophe Ramonatxo. Et le béton y a montré tout son intérêt à la fois pour sa résistance, sa durabilité, son esthétique et son inertie thermique. »