À Mérignac (33), si d’aventure il vous prenait l’envie de vous promener sur le site des Allées Caillavet, en grande partie ouvert au public, ne soyez pas surpris de ne croiser aucune voiture. Il n’y en a pas !
Tout du moins en extérieur. Tous les véhicules motorisés sont effectivement garés dans un parking souterrain, accessible aux résidents de ses quelque 200 logements, autant libres que sociaux, qui sont progressivement livrés.
Un site exceptionnel
C’est l’une des idées de l’agence d’architectes bordelaise Flint, en association avec BPM Architectes, pour faire de ce vaste projet, initié en 2017 par le bailleur social Gironde Habitat, un parc habité, dans le prolongement d’un environnement exceptionnel.
Car le domaine des Allées Caillavet ne se trouve pas n’importe où : d’une superficie de quatre hectares, il se situe sur l’ancien parc d’une chartreuse du XIXe siècle, toujours présente avec son mur d’enceinte en pierre, et face au célèbre parc de Bourran, inscrit aux Monuments historiques.
« L’enjeu était d’instaurer un dialogue entre les futurs logements des Allées Caillavet, cet écrin végétal composé d’arbres très anciens, et ce patrimoine bâti remarquable », raconte Marion Caze, architecte en charge de l’opération.
Des logements aux espaces extérieurs généreux
Pour répondre à ce défi, le projet des Allées Caillavet se veut donc autant paysager qu’architectural.
Alors que des espaces verts en libre accès ont été conçus et de nombreux arbres plantés, onze petits bâtiments collectifs ont été créés autour de trois lanières, exposées est-ouest, pour accueillir les nouvelles familles.
Afin que ces plots s’intègrent dans le paysage, un important travail a été mené sur les espaces extérieurs. « Nous les avons souhaités généreux », observe Marion Caze, qui a imaginé des loggias filantes sur toutes les façades, permettant à un T2 ou un T3 de bénéficier de 25 m2 de surface supplémentaire.
Le choix du béton
Pour nouer le dialogue avec la chartreuse et son mur d’enceinte, le choix du béton est apparu tout indiqué.
« Il s’est imposé en raison de sa minéralité, explique l’architecte, qui en a fait une large utilisation. Le béton nous a permis d’apporter des nuances dans les espaces extérieurs des logements et de les tamiser, en remplissant la trame en béton blanc de claustras ou de garde corps, lesquels sont soit en béton préfabriqué, soit en métal. »
Mais l’usage du béton ne s’arrête pas aux loggias. Au rez-de-chaussée de deux bâtiments destinés à accueillir une école et une crèche, ont été coulés des voiles matricés, teintés dans la masse. Avec, pour particularités, des cannelures et une couleur identique à celle de la pierre de la chartreuse, grâce à l’emploi de pigments naturels. Sans oublier le béton brut lasuré, choisi pour les porches d’entrée des bâtiments.
Le béton a su, à l’évidence, se rendre incontournable dans toute sa diversité. De quoi nécessiter de solides compétences de la part de la maîtrise d’œuvre, qui est allée jusqu’à créer un palonnier sur mesure pour élever et installer les claustras. Et faire de ces Allées Caillavet un site en harmonie avec le patrimoine végétal qui l’entoure.