Pourriez-vous nous rappeler l’histoire des blockhaus sur cette partie du littoral, et nous expliquer le phénomène d’érosion dont ils sont victimes ?
Les bunkers du secteur d’Arcachon ont été construits par les Allemands, craignant un débarquement de grande ampleur au sud de la Gironde, du début 43 à août 44. Plus de 160 casemates en béton armé d’une épaisseur de 2 mètres ont été recensés autour du Bassin. Sous l’effet combiné de l’érosion dunaire et des forts courants de marée, certains ouvrages ont commencé à s’enfoncer dans la mer dès les années 50.
Aujourd’hui, plus d’une vingtaine d’entre eux sont immergés entre 5 et 25 mètres de profondeur à la pointe du Cap Ferret et dans la passe sud, aux Gaillouneys et aux Anguillons.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ces bunkers et qu’est-ce qui vous a conduit à créer l’association Gramasa ?
J’ai plongé sur les bunkers du Pyla pour la première fois en 1984 et ce n’est que vingt ans plus tard que j’ai commencé à établir une première cartographie des ouvrages immergés. Durant ce travail, j’ai découvert des sites terrestres remarquables et j’ai alors eu envie de faire découvrir ce patrimoine au plus grand nombre en créant le Gramasa, Groupe de Recherches Archéologiques sur le Mur de l’Atlantique secteur Arcachon.
Sa mission principale est l’étude et la mise en valeur des sites terrestres et sous-marins de ce secteur. On s’intéresse autant à l’aspect historique qu’à la biodiversité développée par ces récifs de béton, mais aussi aux problématiques de gestion et de valorisation d’un tel patrimoine culturel et naturel.
En quoi ces bunkers immergés sont-ils remarquables ? Quels enseignements en avez-vous tiré en termes de biodiversité ?
Ce site est unique en Europe, tant par le nombre et la profondeur des ouvrages immergés que par la diversité et la densité des espèces qui s’y sont développées.
Le bassin d’Arcachon est, à la base, un vivier extrêmement fertile, propice au développement de crustacés, mollusques et poissons.
Situés juste à hauteur des passes, les blockhaus immergés ont rapidement constitué un espace de vie pour de nombreuses espèces marines.
Les parois en béton ont fixé quantités d’hermelles et d’anémones bijou, quand les intérieurs abritent des congres, des raies torpille et une profusion d’araignées.
Posés sur des fonds sableux, ces récifs artificiels sont devenus le support d’une biodiversité exubérante d’une richesse étonnante, fréquentés par les plongeurs comme les pêcheurs de plaisance en bonne cohabitation.