Un grenier, des “gabelous”, des graffeurs…
Bâtis dans les années 1930 de part et d’autre du canal de l’Ourcq, les Magasins généraux de Pantin (93) font d’abord office de “grenier de Paris”, où transitent grains, farine, papier, tissu… acheminés par camion et péniche. Puis ce sont les “gabelous” des douanes qui investissent les entrepôts jumeaux avant qu’un incendie détruise l’un d’eux en 1995. Livré aux graffeurs à partir de 2000, l’édifice restant va connaître une nouvelle vie grâce à l’agence BETC qui souhaite y installer ses 900 salariés.
Un écrin de béton
Lancée en 2013, la réhabilitation menée par Frédéric Jung a pour objectif de préserver la structure d’origine du bâtiment tout en le tournant vers le futur.
« Le projet des Magasins généraux de Pantin, c’est de redonner vie à un magnifique paquebot urbain, et prouver que ces pachydermes industriels ont un avenir radieux », explique-t-il. L’architecte mise ainsi sur le béton originel : il dénude les piliers centraux, maintient les poteaux qui rythment les espaces, de même que les coursives de 1,4 km qui entourent le bâtiment, sans oublier les passerelles extérieures. Il s’agit de conserver « les évidentes qualités plastiques et la théâtralité » du bâtiment.
Des espaces adaptés aux usages
Mais l’enjeu est également de faire naître de ces 20 000 m2 un lieu de travail innovant, autorisant des formes de collaboration et de production adaptées aux usages. Les designers jouent avec des espaces aux échelles et aux fonctions variées, afin d’aboutir à une forme de micro-urbanisme unique.
Deux concepts sont particulièrement remarquables. S’étalant sur un plateau de 1 800 m2, le Garage abrite de nombreux studios de production et ateliers de fabrication (certains équipés d’une imprimante 3D, une scie à ruban et même une machine de découpe laser…). Quant à la “Cantine”, elle est pensée à la fois comme un espace de restauration, de travail et de documentation.
Une ouverture sur l’extérieur
Au 5e étage, un jardin conçu par la paysagiste Carolina Fois propose des aménagements favorisant la biodiversité des insectes et des oiseaux. Il accueille aussi les ruches que BETC abritait déjà dans ses anciens locaux.
Cette réhabilitation ouvre ainsi le bâtiment sur l’extérieur, mais pas uniquement sur la nature. BETC a souhaité partager une partie de ses étages avec des résidents ayant la même sensibilité (le MédiaLab93 et le Centre National Edition Art Image), et ouvrir le rez-de-chaussée au grand public avec la Grande salle, un espace de 800 m2 proposant une programmation artistique et culturelle. Objectif : contribuer à la nouvelle dynamique du quartier et plus largement du Grand Paris.