Démarré en avril 2017, le chantier de la gare de Bagneux bat son plein. Quels sont les enjeux urbains de ce projet à l’échelle de la ville et du projet métropolitain ?
Marc Barani : Le Grand Paris Express (GPE) dépasse la logique d’un réseau de transport : il constitue l’ossature du développement économique francilien à l’horizon 2030. Redessinant les contours de la métropole, il va contribuer à rééquilibrer les disparités spatiales grâce à la construction de nouveaux quartiers autour des gares.
Ces gares sont, pour la plupart, en interconnexion avec les infrastructures existantes. Mais elles jouent également un rôle essentiel dans la dynamique urbaine. De quelle manière ?
M. B. : Plus que de simples stations, elles sont conçues comme des lieux de vie accueillants et ouverts sur leur environnement. Outre une recherche d’intégration dans le tissu urbain existant, elles fédèrent d’autres programmes immobiliers afin de créer des quartiers mixtes et animés.
À l’intérieur des gares, la charte architecturale imaginée par Jacques Ferrier et Pauline Marchetti sollicite les cinq sens afin de transformer la logique infrastructurelle en projet sensuel.
Telle que vous l’avez imaginée, la gare de Bagneux s’apparente à une grotte. Pourquoi ?
M. B. : C’est une réponse métaphorique qui correspond à l’étroitesse de l’emprise de la gare et à sa profondeur. J’attache une grande importance aux fonctionnalités, et notamment à la fluidité des mouvements (NDLR : comme pour le centre de maintenance du tramway à Nice). J’ai voulu ici souligner ce que l’on ressent quand on descend dans les profondeurs de la terre ou que l’on remonte vers la lumière, avec une approche phénoménologique inspirée de Bachelard.
À Bagneux, plusieurs paliers ponctuent le parcours, avec des variations dans l’éclairage. L’acoustique, très absorbante en surface, résonne davantage à mesure que l’on descend, comme pour agrandir l’espace. Inversement, la montée se dirige vers un puits de lumière qui est le centre de gravité de la gare.
Qu’apporte le béton dans ce projet ?
M. B. : Le parcours plonge dans les entrailles de la Terre. La grotte est, par essence, un espace creusé dans une masse minérale. Le béton incarne cette minéralité. Pour des questions esthétiques, nous avons choisi un béton matricé gris-beige clair dont les stries horizontales évoquent l’idée de creusement et qui présentent en outre l’intérêt de vibrer à la lumière.
Est-ce un matériau que vous affectionnez particulièrement ?
M. B. : Oui, j’utilise souvent le béton. Je m’intéresse aux matériaux robustes. J’aime la minéralité. Est-ce parce que je suis un architecte du sud ? Tous mes projets ont un fort ancrage avec le sol, qu’ils le prolongent (comme le Pont Renault, à Boulogne-Billancourt) ou qu’ils le creusent (comme l’extension du cimetière Saint-Pancrace, à Roquebrune-Cap-Martin).