Les 27 et 28 février 2010, la tempête Xynthia avait provoqué la mort de 53 personnes, la plupart sur les côtes de Vendée et de Charente-Maritime.
Ce drame avait été le déclencheur d’une vaste prise de conscience de l’État et des communes littorales concernées : il fallait mieux protéger les constructions les plus proches de l’océan de ces phénomènes dangereux que sont les tempêtes. Surtout que celles-ci sont amenées à se répéter avec le réchauffement climatique.
Les réponses durables des PAPI
S’il est impossible de lutter de manière parfaite contre les éléments naturels, des confortements, des rehaussements ou des constructions pérennes de digues ont été entrepris en nombre depuis douze ans, dans le cadre de Programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI).
Ces travaux ont concerné environ 180 kilomètres de digues dans la région des Pays de la Loire, qui comprend la Vendée, et 66 km en Charente-Maritime. Les municipalités concernées sont accompagnées dans ces projets par le Service de contrôle de la sécurité des ouvrages hydrauliques des Directions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL).
Ces structures procèdent aussi à des inspections réglementaires et techniques des digues. Or, pour les travaux entamés dans les années qui ont immédiatement suivi la tempête, il a été constaté que l’efficacité et la pérennité des travaux n’ont pas été à la hauteur de ce qui était attendu.
C’est pourquoi, lors des cinq dernières années, des projets plus aboutis, plus durables et plus respectueux de l’environnement ont vu le jour. Deux types d’ouvrages sont possibles : des enrochements ou de véritables ouvrages d’art. Dans les deux cas, le béton est présent.
Enrochements et digues de béton
Très pratiquée en Vendée, la technique de l’enrochement consiste à assembler des blocs de roche pour constituer une protection contre la montée des eaux.
Mais le béton n’est pas absent de ces structures, ainsi que l’explique Estelle Breillat, déléguée régionale Grand Ouest du SNBPE (Syndicat National du Béton Prêt à l’Emploi) : « La liaison entre les roches est faite avec un coulis de béton pour s’assurer d’une bonne connexion entre les éléments rocheux et éviter qu’ils ne se décrochent. Cela crée ainsi une barrière plus durable. »
Dans certaines zones, où la côte est directement exposée aux intempéries et à la force du courant océanique, il est parfois nécessaire de construire des ouvrages d’art plus imposants et entièrement en béton, de type murets ou murs en béton.
Un très bel exemple associant ces deux catégories de réalisations est à voir à Bouin, non loin de l’Ile de Noirmoutier (Vendée).
« Cet ouvrage protège un polder avec un système complexe de canaux évacuateurs, où l’on compte plus d’une centaine d’établissements ostréicoles, un parc éolien, mais aussi une lagune protégée et de riches terres agricoles. Il est très réussi, techniquement, avec l’intégration d’un muret en béton en forme de T renversé en son cœur, pouvant servir de fondation pour une éventuelle réhausse et, esthétiquement, avec la présence d’enrochement côté mer et végétale côté terre », note Estelle Breillat.
On retrouve également de nombreuses digues entièrement en béton, véritables ouvrages de génie civil anti-submersion de plusieurs mètres de hauteur en Charente-Maritime, notamment à Fouras et Châtelaillon.
Une formulation de béton adaptée au milieu marin
Dans tous les cas, les DREAL insistent sur la qualité du béton à utiliser, comme celle des Pays de la Loire : « Il convient de veiller tant à la qualité du béton utilisé qu’à ses conditions de mise en œuvre : s’il n’est pas adapté au milieu marin et/ou s’il n’est pas mis en œuvre avec la bonne plasticité, le résultat attendu ne sera pas atteint. C’est au maître d’œuvre de prévoir les conditions pour obtenir un résultat satisfaisant. »
Dans ce cadre, Estelle Breillat insiste sur l’aspect non polluant du béton armé alors utilisé : « C’est une formule spécifique, de classe d’exposition XS3, celle prévue pour être soumise à des projections d’eau de mer ou à des embruns. Elle correspond aux zones de marnage, tantôt à l’air, tantôt immergées. Une attention particulière est portée sur la nature des granulats et le type de ciment utilisé, notamment sur le comportement relatif à la corrosion des armatures induite par les chlorures présents dans l’eau de mer qui pourraient venir endommager l’ouvrage et remettre en question sa tenue dans le temps. »