Un spectaculaire dôme de béton en guise de signature architecturale. Telle est l’une des idées-forces de Snøhetta, concepteur du planétarium de Douai, dont la livraison est imminente. Avec cet équipement public qui fait face à Arkéos, le musée-parc archéologique, la communauté d’agglomération du Douaisis veut continuer à faire de cette zone proche de la rivière Scarpe un lieu de loisirs et de culture accessible à tous.
Expérience immersive en 8K
L’agence d’architecture norvégienne Snøhetta, à qui l’on doit notamment le siège parisien du journal Le Monde ou le Mémorial du World Trade Center à New York, a imaginé pour ce planétarium un bâtiment en forme de double ellipse inspirée par les mouvements de la Lune. À l’intérieur, une rampe de béton légèrement inclinée, visible depuis l’extérieur à travers une façade vitrée entrecoupée de panneaux d’acier laqués, dessert un observatoire astronomique, trois salles pédagogiques, un espace d’exposition et le fameux dôme.
Ce dernier loge un écran permettant une expérience immersive pour 120 personnes, avec la diffusion sur un écran à 360° d’images numériques en 8K (8 192 pixels sur 4 320 lignes).
Béton armé et haute technicité
S’il a pour fonction d’être identifiable de loin grâce à ses dimensions impressionnantes (15 mètres de haut et 19 de diamètre), ce dôme constitue également une prouesse technique.
Il a en effet nécessité la pose de 30 pétales en béton armé préfabriqué de 10 tonnes chacun, réalisés en avril 2022 par l’entreprise Capremib, qui vient de recevoir le label « Centre agréé de Recherche & Développement pour les bétons préfabriqués ».
Cette société est la filiale de préfabrication de Demathieu Bard, groupe en charge du gros œuvre de l’ensemble du planétarium.
Pour la réalisation des pétales, le constructeur français a modélisé en 3D le coffrage et fabriqué un moule en acier de 11 mètres de long, qui a nécessité 460 heures de travail. Les équipes de Demathieu Bard Construction Nord – 34 compagnons mobilisés ! – ont enfin effectué l’assemblage des pétales. Une opération de forte technicité, qui a demandé une grande expertise.
« D’une certaine manière, il fallait avoir fini le chantier avant de le commencer. Toutes les phases, du transport à l’assemblage, ont été prévues en amont, explique Rémy Guienne, chef de groupe chez Demathieu Bard Construction Nord. Nous avons mis en place un étaiement sur lequel l’ensemble des pétales ont été montés. Il a fallu reprendre les descentes de charge avec des renforts aux impacts et des pieux dimensionnés pour cette opération, soit un bon mois de travail. Puis nous avons assemblé les pétales avec une clé de voûte coulée sur place afin que l’ouvrage soit en équilibre. »
Des « monstres » aussi délicats que des « feuilles à cigarette »
Le déplacement des pétales sur une dalle située à 7,6 mètres de haut a été un tour de force à en croire Rémy Guienne : « Chaque pièce de 10 tonnes a été mise en équilibre à 16 mètres de hauteur. Il faut savoir que le pétale fait 35 cm d’épaisseur à sa base et 25 cm à son extrémité sur un élancement de 10 mètres. Quand on le voit arriver, c’est un monstre. Mais quand on le soulève à la grue, c’est une feuille à cigarette qui peut se casser très rapidement. En position définitive, il fait 7,5 mètres de hauteur. Il n’était pas possible de le transporter à la verticale. Il a donc été levé à plat. »
Ce travail d’orfèvre sur le béton s’est poursuivi à l’intérieur du dôme puisque quatre poutres crémaillères recevant les gradins ont été réalisées sur mesure pour s’adapter à leur position dans l’amphithéâtre circulaire, ainsi que 24 gradins courbes, tous différents dans leurs longueurs. Quant aux voiles en béton du planétarium, ils ont nécessité 32 rayons de courbure différents. Un travail méticuleux pour envoyer les spectateurs dans les étoiles !