Que retenez-vous des projets en compétition cette année ?
J’ai trouvé que les étudiants avaient fait preuve d’une grande maturité, avec des réponses très abouties sur la question du béton. Même sur des sujets complexes et délicats, chacun a su trouver des astuces et des subtilités pour que le béton ne soit pas juste un prétexte, mais qu’il fasse partie intégrante de leur réflexion.
On note aussi une grande préoccupation environnementale, comme en témoigne la démarche chez certains de faire évoluer les formulations de béton, en utilisant, par exemple, du béton de site, c’est-à-dire du béton réalisé à partir d’agrégats issus du site du projet, ou en portant attention à l’empreinte carbone.
Enfin, certains sont allés loin dans la réflexion, en s’interrogeant sur l’impact de leur projet dans la ville, sur les usages, etc. C’était très intéressant.
Le projet de Quentin Risaletto, à qui vous avez remis le 2e prix, avait justement une dimension sociétale. Qu’est-ce qui vous a marquée dans son travail ?
Dans ce projet, il est effectivement question de mutation d’un territoire, en l’occurrence un ancien golf de Manchester, en Angleterre. Ce qui m’a plu, c’est que ce n’est pas que de l’architecture : Quentin Risaletto redonne vie à ce lieu non pas en le densifiant mais en utilisant la nature – la culture d’une plante qui produit du méthane – pour fournir de l’énergie aux équipements qu’il a imaginés, comme une piscine municipale.
C’est un projet qui illustre parfaitement l’importance accordée aujourd’hui en architecture à la reconversion de certains sites, tout en conservant leur trace mémorielle.
Quelles est la place du béton dans les réflexions de Quentin Risaletto ?
Le béton intervient dans la réhabilitation de l’un des bâtiments du site mais aussi dans la création de silos aux formes très picturales. Il a mené des recherches sur le type de béton, sa couleur, et a su démontrer que ce matériau pouvait apporter une valeur patrimoniale et qualitative dans le paysage, grâce notamment à sa durabilité et à sa pérennité.
Comment abordez-vous les thèmes du béton et de la reconversion au sein de votre agence d’architecture ?
De plus en plus de bâtiments font l’objet d’une restructuration lourde ou d’une reconversion, et il arrive très souvent qu’ils soient en béton. Ce qui m’intéresse, c’est d’améliorer les techniques d’autrefois, comme celles de l’architecture moderniste ou brutaliste, et de m’en servir comme support pour un nouveau projet.
Dans ces projets de reconversion, le béton est intéressant pour ses qualités techniques. Il permet notamment de rechercher ou améliorer des solutions structurelles ambitieuses.