Quels sont vos débuts avec le béton ?
Je suis Compagnon maçon. Pendant mon Tour de France, j’ai eu la chance de réaliser un escalier hélicoïdal de forme carrée, coffré et coulé sur place. J’ai découvert le plaisir du sur-mesure et appris à formuler le béton. En progressant, j’ai compris qu’avec le béton tout est possible : textures, formes, couleurs. Une seule limite : le budget !
Vous êtes un théoricien du béton ?
C’est un peu ça ! Je suis devenu rédacteur pour l’Encyclopédie de la maçonnerie et de la taille de pierre. Mon sujet concernait les sols en béton coulés in situ. En gardant toujours un pied dans l’entreprise et les chantiers, j’ai mis en en place l’institut des métiers de la maçonnerie pour les Compagnons du Devoir et rédigé des Avis Techniques liés au bâtiment pour le Centre scientifique et technique du Bâtiment.
Cela m’a conduit, avant de me mettre à mon compte en créant ma société Concrete know how, à devenir chef de projet formation pour le diplôme universitaire de “compagnon en bâtiment durable”, pour l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et BTP CFA IDF.
Vos activités aujourd’hui ?
Elles concernent toutes les facettes du béton.J’accompagne aussi bien des designers qui manquent d’expertise pour couler eux-mêmes leurs pièces que des industriels ou des artistes. Un architecte m’a commandé une maquette en béton de son projet, un autre des détails d’architecture à l’échelle 1.
J’ai également créé une fontaine en béton pour un hôtel. Du jour ou j’ai annoncé que je faisais des objets en béton, le téléphone a sonné et mon carnet de commande s’est rempli rapidement grâce au réseau dans lequel je suis impliqué depuis de nombreuses années.
Vous travaillez pour des artistes ?
Je réalise des études techniques pour de grands projets en béton d’art contemporain. Actuellement je travaille sur la reproduction d’une trace de pneu de camion en béton de l’artiste suisse Peter Stämpfli : 30 mètres de long par 3 de large.
Pour l’exposition Lunes du Grand Palais, Mircea Cantor m’a demandé de faire une étude pour son œuvre “The Second step” de 6 mètres de diamètre, bombée, avec l’empreinte du premier pas de l’homme sur la Lune.
En Suède, Élise Morin a le projet d’une sculpture en béton noir matricé avec des fibres optiques pour faire des vagues de lumière.
Une autre étude est en cours pour un artiste qui veut réaliser deux statues géantes en béton bleu de 20 mètres de long par 5 de haut, constituées de blocs assemblés comme des Legos sur lesquelles le public pourra marcher.
Et votre œuvre personnelle ?
Dans mon atelier de Montreuil , je crée des lampes en béton, des mobiles et des bijoux. Les clients voient des objets petits, légers et brillants là où ils attendaient du béton lourd, gris et froid. J’étudie l’archivage des échantillons pour conserver les formulations. Des carrés de béton de 18 cm2 avec des puces intégrées pour une recherche et un archivage numérique.
Quel sont vos projets béton ?
Beaucoup de pistes autour du béton bas carbone à base de laitiers et des ciments décarbonés utilisant des matériaux recyclés. Trouver les bonnes solutions pour mes clients et continuer à faire évoluer la vision du public sur le béton qui est un secteur de pointe.