À Périgueux (Dordogne), la réalisation du palais de justice “Sirey” en 2016, pilotée par l’Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice (APIJ), a permis de séparer le pôle civil du pôle pénal, ce dernier restant logé dans l’historique palais Montaigne – situé à quelques mètres de là.
Le nouveau bâtiment accueille ainsi les services civils du tribunal de grande instance et le tribunal d’instance. Le rez-de-chaussée, consacré à l’accueil du public, est notamment constitué de trois salles d’audience et d’une petite salle des pas perdus, tandis qu’aux étages se trouvent des bureaux, des archives ainsi qu’une grande salle de réunion.
Ce programme dense (1 544 m2 au total), « dont l’organisation respecte une répartition fonctionnelle régit par les principes de flux », comme le décrit Franck Lefebure, architecte de l’agence Flint, maître d’œuvre du projet, est construit sur une parcelle située au coin d’une place semi-circulaire bordée de maisons bourgeoises.
« Nous avons voulu reconstituer cet hémicycle en venant le fermer et en respectant la symétrie des implantations sur la place », poursuit Franck Lefebure.
C’est ainsi que la façade du bâtiment Sirey ne s’inscrit pas directement en continuité de celle de la maison bourgeoise voisine, mais dessine tout d’abord une césure similaire à celle que l’on trouve de l’autre côté de la place.
Des choix architecturaux pertinents !
L’écriture architecturale du bâtiment Sirey établit quant à elle un dialogue avec celle, néoclassique, du palais Montaigne, sans toutefois la concurrencer.
« Nous avons dessiné une façade simple, sobre et en partie opaque, à l’image de celle du palais, et si son ordonnancement est plutôt classique, elle affirme néanmoins son caractère contemporain. »
À la pierre massive du Palais Montaigne, répond ainsi le béton blanc. Au-dessus du rez-de-chaussée, constituée de larges vitrages protégés par une grille de bois, la façade supporte de grands panneaux porteurs (11 tonnes pour 6 mètres de haut pour le plus imposant) préfabriqués à partir d’un béton composé de granulats et de ciment clairs.
« Pour créer un lien avec le Palais Montaigne, nous souhaitions donner à cette façade la matérialité de la pierre », précise Franck Lefebure. Les éléments préfabriqués, dont certains étaient cintrés et matricés – dessinant notamment des rayures verticales serrées évoquant “le rideau de la justice” – ont ainsi subi un traitement par sablage.
« Ce “gommage” de surface nous a permis de révéler, sous la surface lisse du parement, les granulats, ce qui permettait d’approcher la matérialité de la pierre », se rappelle Franck Lefebure.
Aujourd’hui, trois ans après la livraison du bâtiment, l’architecte est satisfait de l’évolution de la façade. « Elle se patine déjà, et son aspect se rapproche davantage encore avec le temps de celui de la pierre », conclut-il.