Deux halles contiguës, œuvre des frères Perret
Une réhabilitation exemplaire, voilà comment qualifier le pôle culturel de la commune de Montataire, dans l’Oise, inauguré en 2018. Car, avant d’accueillir, comme c’est le cas aujourd’hui, une école de musique, une harmonie municipale et un studio d’enregistrement, auxquels il est prévu d’ajouter une salle de spectacle, l’édifice se composait de deux halles industrielles contiguës. Mais pas n’importe lesquelles ! Elles étaient l’œuvre des frères Perret, célèbres architectes et entrepreneurs de la première moitié du XXe siècle, pionniers dans l’utilisation du béton armé, à qui l’on doit nombre de bâtiments remarquables, comme le théâtre des Champs-Élysées ou le palais d’Iéna, à Paris.
« Construite en 1919, la première halle a abrité une fonderie puis un entrepôt, raconte l’architecte Heleen Hart, aux commandes de cette transformation avec l’architecte Pierre Hebbelinck. La seconde halle a été érigée en 1949, lorsqu’il s’est agi de reconstruire après la Seconde Guerre mondiale. Après avoir symbolisé le dynamisme de tout un bassin sidérurgique, l’une et l’autre ont été laissées à l‘abandon. L’objectif de la ville était de les redynamiser. »
Libérer les ossatures originelles
Pour répondre au concours lancé par la municipalité, l’agence Hart Berteloot et l’atelier Pierre Hebbelinck se sont adjoint les services de Joseph Abram, architecte et historien, spécialiste d’Auguste Perret.
« La transformation que nous préconisions consistait à mettre en avant l’architecture des lieux, marquée par des poteaux arc boutés dans la halle de 1919 et, dans celle de 1949, par une structure plus élancée, explique Heleen Hart. Notre intention était d’en révéler le squelette, de libérer les ossatures originelles pour obtenir des espaces ouverts sur deux niveaux, destinés à accueillir le public. »
Des soins adaptés pour les bétons
Pour y parvenir, de nombreuses actions ont été nécessaires : déshabillage des structures, sablage pour retrouver une uniformité visuelle, traitement du fer apparent…
« Comme nous ne pouvions pas, pour des raisons d’ordre budgétaire, reprendre l’ensemble des bétons, nous avons opté pour une approche ponctuelle, avec des soins adaptés, poursuit Heleen Hart. Il y a eu des centaines d’interventions. »
L’une des difficultés tenait à la présence de deux bétons différents. « Celui de la halle de 1949 était beaucoup plus fin que celui de la halle de 1919, où il y avait encore beaucoup de graviers, observe Heleen Hart. Une multitude d’échantillons a donc été nécessaire pour retrouver la même texture. »
Le résultat final est saisissant.
Au point d’avoir été retenu parmi les 40 projets en lice pour pour le Prix 2019 de l’Union européenne pour l’architecture contemporaine (EU Mies Award).