Le programme RECYBETON a été lancé avec le soutien de 48 partenaires, acteurs de la filière béton. Quels étaient ses objectifs ?
Ce projet est né de la volonté d’inscrire le secteur du BTP dans une logique de développement durable. L’un des objectifs était de démontrer que le béton se recycle comme les autres matériaux. L’enjeu est à la fois de réduire les mises en décharge, en réutilisant une partie des bétons déconstruits, et d’économiser les gisements de granulats naturels.
Chaque année, 17 millions de tonnes de béton concassé pourraient ainsi être réincorporés dans de nouvelles compositions de béton, pour remplacer 10 à 30 % de granulats entrant dans la composition des bétons recyclés. La mise en place d’une économie circulaire autour du béton permettrait aussi de développer de l’activité au niveau local, en réduisant les transports de matériaux.
Comment le recyclage du béton fonctionne-t-il, et quels sont les freins à son développement ?
La première condition est de mettre en place des techniques de déconstruction sélective afin de trier les déchets de béton parmi les autres matériaux. Les blocs de béton issus de la démolition sont ensuite concassés, avant de passer au déferraillage et au criblage. Des étapes complémentaires, telles que la détection et la séparation de particules indésirables, voire le fractionnement des granulats composites (gangue de ciment ancienne + granulat naturel d’origine), peuvent être mises en place pour purifier les matériaux déconstruits.
L’utilisation de granulats recyclés en remplissage de plateformes routières est déjà bien répandue : 80 % des bétons de démolition sont valorisés dans la route. Mais cela reste très limité dans le bâtiment. Pour aller plus loin, il faut travailler au recyclage du béton dans le béton. Le principal enjeu est de montrer que l’on peut utiliser davantage de béton issu du recyclage sans modifier sa mise en œuvre par rapport au béton traditionnel.
Quels travaux et chantiers avez-vous menés pour y parvenir ?
Notre programme de recherche et développement s’est articulé autour de 5 thèmes : les procédés de traitement et de fabrication des matériaux recyclés ; la caractérisation des matériaux et la conception des structures ; les impacts en termes de développement durable ; les aspects réglementaires et normatifs ; et enfin, la valorisation du béton recyclé dans la construction.
Pour vérifier la faisabilité technique et industrielle du recyclage du béton, nous avons mené plusieurs chantiers, avec des taux d’incorporation variant de 0 à 100 %. En 2017, nous publierons un ouvrage de synthèse et préparerons des guides visant à développer l’utilisation du béton recyclé et à faire évoluer la réglementation.
Comment voyez-vous l’avenir du béton recyclé ?
Aujourd’hui, toutes les industries matures recyclent leurs matériaux en fin de vie, et il en sera bientôt de même pour la filière béton. En suivant les préconisations de traitement et de formulation issues de nos travaux, il sera bientôt possible de produire du béton recyclé avec le même niveau de résistance et de durabilité qu’un béton classique. RECYBETON aura ainsi réussi à amorcer la boucle “du béton dans le béton”, et on peut imaginer qu’à terme de nombreuses constructions utiliseront une partie de granulats provenant d’anciens ouvrages.
*Administré par l’IREX, Institut pour la Recherche appliquée et l’EXpérimentation en génie civil