De “vieux” granulats pour un nouveau bâtiment
La classothèque de la Maison Départementale des Solidarités (MDS), à Mitry-Mory, n’est pas comme les autres. Elle figure parmi les chantiers expérimentaux observés par Recybéton, pour valider la la faisabilité du béton recyclé.
Dans ce bâtiment de 40 m2, voué au stockage d’archives, les chercheurs ont commencé par observer le comportement d’une dalle en béton réalisée avec des granulats recyclés et destinée à recevoir une charge importante (les systèmes de classement de documents). « L’enjeu de ce chantier était de vérifier les risques de fissuration d’une dalle, capable de recevoir une surcharge de 750 kg/m2, réalisée avec des granulats recyclés à hauteur de 30 % pour le sable et de 50 % pour les gravillons », explique Sophie Decreuse, membre du Comité scientifique et technique de Recybéton, et directrice Produits et Qualité chez Cemex.
Simulations de résistance et de durabilité du béton recyclé
Avant de couler le béton, Recybéton a réalisé toutes les études nécessaires en laboratoire. Pour parer à un risque de retrait augmenté, les essais ont mis en évidence la nécessité d’optimiser le dosage en ciment et en adjuvant (superplastifiant). « Les simulations de durée de vie du béton ont montré une légère dégradation des caractéristiques, liée à une plus grande porosité des granulats recyclés, qu’il fallait corriger », ajoute Sophie Decreuse. Tous ces critères, combinés au dimensionnement de l’ouvrage et à sa surcharge, ont servi à déterminer la formulation idéale du béton recyclé ainsi que les caractéristiques requises pour son ferraillage.
Des résultats conformes aux attentes
Une fois ces précautions prises, la dalle, les voiles et le plancher ont été coulés. La mise en œuvre du béton recyclé s’est faite dans les mêmes conditions que pour un béton normal, et le retrait de séchage n’a engendré aucune fissuration. Des essais de contrôle ont également été réalisés pendant le chantier, et des inspections de suivi du bâtiment, programmées. « Ce chantier a permis de valider le fait qu’il est possible de réaliser un bâtiment en béton recyclé sans fissuration ni défaut apparent, et de vérifier son impact sur la qualité des parements », se félicite Sophie Decreuse.
Encourager l’utilisation de béton recyclé
Grâce à cette expérimentation et aux autres menées à ce jour, le Projet National Recybéton est aujourd’hui en mesure de faire des recommandations sur les formulations à réaliser et sur les précautions à prendre. « Notre ambition est d’inciter les collectivités et les constructeurs à intégrer davantage de granulats recyclés dans les ouvrages, mais aussi d’augmenter les taux autorisés par la norme Béton, conclut Sophie Decreuse. Car la réutilisation de matériaux issus de la démolition contribue à l’économie circulaire et participe à la valorisation de la filière. C’est aussi un moyen d’encourager le tri des matériaux lors de la déconstruction et ainsi de favoriser la création d’emplois locaux. »
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