Impossible de faire débarquer les visiteurs de l’Exposition Universelle et Internationale de 1937 dans la petite aérogare du Bourget datant de 1914.
Le ministère de l’Air lance un appel d’offres remporté par l’architecte Georges Labro, associé à l’ingénieur Henri Lossier et à la Société nouvelle de construction et de travaux. Leur projet déploie une série de travées en béton, de part et d’autre d’un hall d’honneur sur 233 mètres de long et 30 de large.
Côté ville, l’aérogare présente une longue façade de béton finement tramé. Les écussons en ciment armé des villes desservies qui ornaient initialement l’avant-corps central ont été remplacés par trois grandes statues dans les années quarante.
Côté pistes, la tour de contrôle en ciment armé recouvert de marbre, avance sa proue de paquebot. Trois terrasses accueillent les spectateurs. Bombardée pendant la seconde guerre mondiale, elle sera reconstruite et modernisée en 1947.
Du béton translucide
La grande nef de l’aérogare, se partage entre l’aile des voyageurs et celle du fret. Avec sa grande horloge et ses escaliers monumentaux, la Salle des huit colonnes, en est le centre névralgique. Elle est inondée de lumière par une coupole réalisée en « béton translucide » où sont incrustés des milliers de pavés de verre. Occultée par des réaménagements malheureux, elle a retrouvé sa beauté et son étanchéité.
Dans la grande galerie entièrement réhabilitée, se tiendront les expositions. Les coursives qui desservaient autrefois les bureaux des douanes et des compagnies aériennes, offrent au public de très beaux angles de vue sur les avions exposés.
Hangars et piste en béton
Du premier aérogare, restent cinq hangars en béton conçus en 1921-1922 par l’ingénieur Henri Lossier. Pour ces bâtiments de 15 m de hauteur qui pouvaient accueillir six avions, il a utilisé un système de charpente en béton moulé, couverte de “tuiles Ménard” à l’origine et aujourd’hui par une forme de béton étanchéifiée.
Pendant la seconde guerre mondiale, c’est au Bourget que l’occupant allemand construira la première piste d’atterrissage en béton. Cible stratégique, l’aérogare et ses hangars seront dévastés par les bombardements en 1944. Georges Labro les reconstruira à l’identique et en béton armé pour ADP, aéroport de Paris, entre 1946 et 1953.
Devenir musée…
L’aérogare du Bourget est aujourd’hui le seul aérogare de la génération des années 1930 conservé en France. À ce titre, il a été inscrit Monument historique le 30 juin 1994. Depuis 1975, il accueille les collections du Musée de l’Air et de l’Espace et a fait l’objet de plusieurs campagnes d’aménagements. La dernière vient de lui rendre ses volumes originels. Il va ouvrir des volumes entièrement restaurés pour la prochaine exposition (cf. encadré) sur le thème de la conquête de l’air du XVIIIe siècle à nos jours.