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Vers une ville plus compacte et plus responsable
Aujourd’hui le sous-sol n’est plus considéré par les urbanistes, ingénieurs et architectes comme un espace stérile et dépourvu de qualités, mais plutôt comme le lieu de nouvelles potentialités de développement pour une ville du futur plus durable, plus généreuse en espaces publics, et plus dense.
On peut même affirmer que ce mouvement est général : le monde politique s’empare peu à peu du sujet, osant ouvrir l’espace souterrain à des projets et des concours toujours plus ambitieux – comme celui organisé par la Ville de Paris, intitulé Réinventer Paris : Les Dessous de Paris.
De Montréal à Singapour, en passant par Paris
Le colloque consacré à l’architecture et à l’urbanisme du sous-sol, organisé le 16 novembre parallèlement au congrès de l’AFTES (1), a permis de découvrir plusieurs villes dans le monde où l’espace souterrain est mis en valeur et pensé comme une quatrième dimension pleine d’avenir. Le cas le plus typique est celui de Montréal, où l’on trouve sous terre des dizaines de kilomètres de galeries, avec des espaces publics, des commerces, des services. Singapour est également exemplaire dans ce domaine.
De nombreux autres projets, notamment à Paris, développent cette idée de prolonger la ville dans son sous-sol.
« Le projet de transports du Grand Paris est une occasion historique de se poser la question de l’urbanisme du sous-sol, a souligné Monique Labbé, présidente du Comité Espace souterrain de l’AFTES et directrice générale du projet national de recherche Ville10D-Ville d’idées (2). C’est à nous de convaincre, et de proposer une ville qui s’infiltre dans le sous-sol et l’espace disponible. »
Le volume, nouvelle frontière
« La nouvelle frontière foncière, c’est le volume. Sous-sol ou sur-sol. Nous devons parfois creuser deux ou trois niveaux de sous-sol, a expliqué Rémi Féredj, directeur général de Poste Immo. Certes le coût est plus élevé, notamment pour des raisons de sécurité, mais les entreprises ont développé la technologie, le savoir-faire. L’essentiel est surtout culturel : quel modèle de ville voulons nous promouvoir ? Que reflète, dans les modes de vie, la notion de densité ? Quelle place pour le travail, l’industrie, dans la ville de demain ? Et au final, quelle formation pour nos ingénieurs, afin qu’ils intègrent ces aspects dans leur approche ? »
Ainsi, à Paris, des centres de tri du courrier abritent-ils plusieurs niveaux servant à la réception, à la logistique : on ne la voit pas, mais la ville souterraine existe déjà.
Le béton, indispensable
Autre exemple en Espagne : le projet du Centre de loisirs de Teruel Zila, signé Mi5 architectes. Celui-ci s’implante sous une place publique, libérant le sol tout en le mettant en valeur avec des aménagements réalisés majoritairement en béton.
« Le béton est par définition indispensable à toute construction en sous-sol, dès lors que nous ne sommes pas dans de la roche, a précisé Philippe Millard, président du comité du congrès. Par sa résistance, ses performances, c’est un matériau hors normes. Si pendant longtemps il n’a pas été mis en valeur, aujourd’hui il se montre. »
(1) L’AFTES est l’Association Française des Tunnels et de l’Espace Souterrain. Du 13 au 15 novembre 2017, elle organisait son congrès intitulé “L’espace souterrain, notre richesse3. Parallèlement, le 16 novembre, se tenait à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine une journée intitulée « Architecture et urbanisme du sous-sol : construire l’avenir ».
(2) L’AFTES, avec son Comité Espace souterrain, milite pour une meilleure utilisation du sous-sol des villes. Ses réflexions ont abouti au lancement du Projet National Ville 10 D-Ville d’Idées, dont est partenaire Cimbéton. L’objectif de ce projet est de démontrer que l’espace souterrain des villes peut constituer une opportunité pour le développement d’un urbanisme durable.