Redynamiser un espace oublié
En pleine Normandie, Vernon longe la Seine sur plus de quatre kilomètres, mais les habitants n’en profitent pas suffisamment… Les berges n’ont en effet jamais été valorisées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
En 2014, la nouvelle équipe municipale veut mettre fin à cette longue indifférence et requalifier cet espace. La SPL(1) Normandie Axe Seine, à laquelle elle a confié la conduite du projet, retient l’offre de l’Agence Topo et du bureau d’étude Viamap pour la rénovation d’un premier tronçon, sur 900 m.
« Il y avait plusieurs enjeux, explique Florent Morcamp, l’un des paysagistes concepteurs de l’Agence Topo. Il s’agissait de requalifier les berges, dont certaines commençaient à s’affaisser, mais aussi de redynamiser cette partie de la ville, de proposer un lieu de rencontres et d’activités, accessible à tous, et de créer un espace qui ferait office de parc urbain car Vernon n’en avait pas. »
Un réaménagement autour de trois points clés
Pour relever tous ces défis, le projet mise sur la juxtaposition de trois éléments. Le premier est une piste de circulation en mode doux. D’une largeur de 3,5 m, elle permet tout aussi bien la déambulation que la promenade en vélo ou en rollers. Interdite à la circulation, elle reste malgré tout accessible aux riverains, à titre de voirie de desserte résidentielle, avec une vitesse limitée à 30 km/h pour les véhicules motorisés.
Le second élément est une bande active en pavés de grès qui accueille le mobilier urbain (mâts d’éclairage, bornes de rechargement pour tablettes et smartphones, appuis pour les vélos).
Des pontons suspendus au-dessus de la Seine constituent le troisième élément marquant du dispositif.
Du béton pour la piste de circulation…
Quel matériau choisir pour la piste de circulation ? « Nous voulions un matériau neutre, de couleur locale, raconte Florent Morcamp. Nous avons donc pensé à du sable stabilisé, mais cette solution n’était pas assez durable. »
C’est le béton micro-désactivé qui a fourni la solution. « Par rapport à un béton désactivé classique, c’est un matériau élaboré avec un rapport inversé entre les quantités de sable et de cailloux, précise-t-il. Sa surface donne l’impression de marcher sur du sable, mais il a la rigidité du béton. »
… mais aussi pour le mobilier et l’amphithéâtre
D’autres éléments clés de cet aménagement font aussi appel au béton. C’est le cas du rocher “Stone”.
Conçu par l’Agence Topo, ce mobilier multifonction est tout à la fois un marqueur d’espace, une sculpture, un appui temporaire et un objet de jeu pour les plus jeunes.
« C’est un module de 1100 kg autostable, composé d’un béton armé blanc avec une finition hydrofugée », détaille Florent Morcamp.
L’agence a par ailleurs aménagé un amphithéâtre, dont les trois rangées de gradins sont en béton blanc, poli et adouci.
« C’est un matériau qui n’est pas trop poreux, ce qui évite les salissures et cette teinte verte qui peut s’installer au fil du temps, et ce qui préserve l’unité du projet, à travers la couleur blanche », rappelle-t-il.
Pouvant accueillir plus d’une centaine de personnes, ce lieu constitue un belvédère sur les méandres de la Seine et offre un point de vue idéal lors des compétitions nautiques.
Un lieu de délassement
Depuis l’inauguration, en avril 2018, Florent Morcamp se rend sur les lieux chaque trimestre et recroise régulièrement des habitants satisfaits de la transformation des berges.
« Il y a une vraie appropriation du lieu, résume-t-il. Les gens viennent y déjeuner ou pique-niquer ou jouer aux échecs ou aux dames sur les mobiliers en béton. C’est aussi devenu le lieu de promenade du dimanche. »
(1) Société publique locale.