Qu’est-ce qui vous a conduit, vous et Laurène Vial, à mener une recherche sur la contribution du béton à la biodiversité ?
C’est un travail qui nous a été proposé par notre école, l’ESTP Paris. Il nous a interpellé car nous avions l’une et l’autre des préjugés sur l’empreinte environnementale du béton. Or, nous avons découvert que ce matériau pouvait être utilisé pour améliorer la biodiversité. En France, une cinquantaine de projets en béton, aboutis ou en voie de l’être, poursuivent cet objectif, qu’il s’agisse de passages à faune, de nichoirs, d’imitations de récifs de coraux, d’hôtels à insectes, de passes à poissons, de murs végétalisés, etc.
En quoi le béton représente-t-il un atout pour la biodiversité ?
Tout d’abord, le béton est un matériau durable dont la robustesse assure la pérennité des ouvrages destinés à accueillir la biodiversité.
Ensuite, c’est un matériau neutre, qui interagit avec son environnement, à l’instar des pierres et des minéraux. Les plantes peuvent le coloniser et les animaux y faire leur nid ou leur abri, comme au creux d’un rocher.
Enfin, sa souplesse de mise en œuvre permet une adaptation rapide des ouvrages usuels afin de leur donner des formes appréciées par les espèces animales et végétales.
On peut, par exemple, créer des anfractuosités pour faciliter la colonisation des plantes. Tout cela nous a donné l’idée et l’envie de créer notre propre projet en faveur de la biodiversité, la tour Repair.e, avec l’aide, au sein de l’ESTP, de notre encadrant Geoffroy Mesnier, Responsable environnement. La tour Repair.e a été soutenue financièrement par l’EFB, où nous avions comme interlocutrice Sandrine Mansoutre, ainsi que par Vicat, Eqiom et le Groupe CB, qui ont permis la construction du premier prototype sur le campus de Cachan, autorisé par Thibault Sardent, Directeur patrimoine, exploitation et sécurité à l’ESTP.
En quoi consiste votre tour Repair.e ?
C’est une tour de trois mètres de haut, qui a pour ambition d’accueillir des espèces animales et végétales, dans un cadre urbain. Elle s’adresse plus particulièrement aux espèces « parapluies », qui garantissent la bonne santé d’un écosystème. Chauve-souris, abeilles et hérissons sont des espèces parapluies locales. S’agissant des végétaux, nous avons choisi des espèces pouvant se développer sur des socles rocheux.
Quels principes avez-vous retenus pour favoriser leur développement ?
Il s’agit d’un mobilier en béton brut. Chacun de ses abris (nichoirs, hôtels à insectes, jardinières) est conçu comme un module à part, en béton fibré (BFUP), susceptible d’être inséré dans des réservations prévues à cet effet. Cette modularité permet de jouer sur le design de la tour, mais aussi d’en remplacer facilement les pièces. La tour Repair.e peut abriter jusqu’à 20 modules, mais ce n’est qu’un prototype, et l’on peut tout imaginer. De même, son socle – actuellement une tour carrée – peut tout à fait évoluer en fonction des envies des collectivités qui souhaiteraient en installer une.
Après le prix EFB Innovation Béton, quel est l’avenir pour la tour Repair.e ?
Nous allons sans doute participer à d’autres concours pour la faire connaître. Nous espérons ainsi convaincre des collectivités de son utilité, et passer du prototype à la commercialisation.
À l’issue de ce projet, diriez-vous que le béton est potentiellement le matériau de la ville du futur ?
Matériau phare du XXe siècle, le béton peut tout à fait s’inscrire dans le XXIe siècle grâce aux différentes innovations qu’il connaît et à ses caractéristiques favorables à la biodiversité, comme en atteste de nombreux projets comme la tour Repair.e.