Un projet sur 90 000 m2
Quatorze ans, c’est le temps infiniment long – et en même temps indispensable – qu’il a fallu pour réhabiliter ce monstre de béton et d’acier qu’est la Maison de la Radio et de la Musique. Posé en bord de Seine, cet édifice est devenu mythique en raison de sa forme ronde, génialement simple et harmonieuse.
Imaginé par l’architecte Henry Bernard, cet équipement public a été inauguré en 1963 pour rassembler sur un même site toutes les équipes de Radio France disséminées sur 39 adresses. Mené sur 90 000 m², le projet de réhabilitation-transformation a été rendu obligatoire par les risques d’incendie trop importants décelés dans le bâtiment et un nécessaire désamiantage.
Débutée en 2008, l’opération a d’abord consisté à mettre à nu ce bâtiment de structure béton, hormis la tour centrale qui a une armature métallique.
L’objectif a ensuite été de préserver l’apparence et l’âme originelles de la « La Maison ronde », tout en la mettant aux normes et en modernisant les moyens de production et studios.
Une “boîte dans la boîte”
Dans ce projet pharaonique, l’élément le plus remarquable est sans doute la construction d’un nouvel auditorium de 1461 places et 2 300 m² de superficie, qui a permis d’associer de manière performante les matériaux béton, acier et bois.
En charge de la conception de l’ensemble des programmes de réhabilitation, l’agence parisienne Architecture Studio a ici imaginé une “boîte sur ressorts”.
L’auditorium de Radio France n’est en effet pas une simple salle de concert mais aussi un studio d’enregistrement radio, ce qui n’est pas sans complexifier les choses sur le plan acoustique. Pour répondre au problème, Architecture Studio a adopté le principe de la “boîte dans la boîte” afin de limiter au maximum les bruits parasites.
Structure béton et ressorts
La structure en béton de la salle repose sur un radier fait dans le même matériau. Au centre, le plancher de la scène est indépendant de cette dalle sur laquelle reposent les gradins afin qu’aucune vibration ne vienne perturber l’enregistrement du son. Avant de couler le béton de ce plancher flottant sur le radier, ce dernier a été équipé de 190 boîtes cylindriques à ressorts.
Les spectateurs prendront place autour de cette scène centrale modulable de 260 m². Outre les places au sol, trois niveaux de balcons superposés les accueilleront, réalisés en structure métallique : des poutres en acier ont été accrochées aux voiles périphériques en béton de “la boîte”, et des petites dalles en béton y ont été posées pour accueillir les sièges des spectateurs.
Double coque en béton
Une double coque en béton couvre l’auditorium pour assurer l’isolation acoustique de la salle. Une première charpente métallique est supportée à 20 mètres de hauteur par deux poutres en béton de 15 mètres de long.
Des prédalles de béton ont été posées sur l’aile inférieure et couvertes d’une dalle de compression pour constituer la coque intérieure de la toiture.
Une deuxième charpente métallique est venue se superposer à la première pour couvrir l’édifice, en veillant à l’absence de tout contact entre les deux structures afin de garantir l’isolation acoustique. Trois cents coques en béton de 6 cm d’épaisseur ont été posées sur cette seconde charpente et rendues étanches.
La rénovation du Studio 104, appliquant le même principe de double coque, et la construction d’un parking souterrain de cinq niveaux ont été deux autres éléments nouveaux qui ont mis en jeu le béton.
Mais la rénovation de la Maison de la Radio et de la Musique, c’est un chantier beaucoup plus vaste qui a amené à traiter le béton présent à l’origine dans l’édifice : dans la structure de la Grande Couronne, le plancher de la tour et de la Petite couronne, les radiers pour protéger des crues, les abris anti-atomiques…
Un projet d’ampleur qui a été, en site occupé, le plus important d’Europe.