Améliorer la performance énergétique de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier (ENSAM), tel était l’enjeu de la réhabilitation de ce haut lieu de l’architecture méditerranéenne aux voûtains en béton emblématiques, construit entre 1976 et 1978 par les architectes Édouard Gallix, Michel Rueg, Luc Doumenc et Jean Leccia, et labellisé “Architecture contemporaine remarquable”.
Lancée par l’ENSAM et l’Agence Régionale Aménagement Construction (ARAC) Occitanie, confié à l’agence Maignial Architectes & Associés, aux bureaux d’études BETSO, TERREL et au constructeur EGM (Entreprise Générale Méridionale), le projet a bénéficié de l’appui financier du plan France Relance, qui comprenait un important programme de rénovation énergétique des bâtiments publics.
Au-delà de la demande initiale
En tant qu’ancien étudiant de l’ENSAM, Benoît Maignial y a mis tout son cœur et toute son énergie. Au point de dépasser les attentes initiales.
« L’ENSAM est composé d’un bâtiment historique, auquel a été ajouté une extension en 2002, raconte l’architecte. Il nous était demandé de réduire de 60 % les consommations énergétiques de l’ensemble du site en intervenant uniquement sur le bâtiment historique. Compte tenu de la dégradation de ce patrimoine, il nous est apparu opportun d’y effectuer également une rénovation architecturale. »
C’est donc d’une double rénovation – énergétique et architecturale – qu’a bénéficié l’ENSAM, entre 2022 et 2023. Alors que l’articulation des espaces (salles de classe, ateliers, bureaux, salles de réunions, etc.) autour de deux grands halls demeurait identique, tout le travail s’est concentré sur l’enveloppe extérieure et sur les éléments techniques de production de chaud, de froid et de ventilation. Dans une logique de sobriété en effet, le système de climatisation existant a été supprimé.
« Pour rendre la peau du bâtiment – de très beaux bétons matricés bouchardés – plus étanche à l’air et plus performante, nous sommes intervenus sur différents postes : les façades, les toitures, la menuiserie et les murs-rideaux. »
Benoît Maignial, architecte.
Des bétons à l’identique
« Pour rendre la peau du bâtiment – de très beaux bétons matricés bouchardés – plus étanche à l’air et plus performante, nous sommes intervenus sur différents postes : les façades, les toitures, la menuiserie et les murs-rideaux », explique Benoît Maignial.
S’agissant des façades, elles ont été sondées afin d’éliminer les bétons dégradés, débarrassées des éléments de climatisation disgracieux, nettoyées à basse pression puis purgées des vis et autres chevilles.
« Les trous dans les bétons bouchardés ont été reconstitués avec un mortier intégrant des granulats identiques à ceux d’origine », précise Benoît Maignial.
Quant aux murs-rideaux, ils ont été entièrement remplacés par une solution au design épuré, qui valorise les voûtains et les poutres en béton de ce bâtiment remarquable, qui maximise les apports de lumière et de chaleur, et qui favorise aussi la ventilation grâce à des ouvrants et à des brasseurs d’air. Les vitrages ont été remplacés de la même façon et intègrent désormais des mini-lames de stores inclinées selon l’orientation des façades.
Enfin, l’isolation des toitures a été refaite. En complément, l’architecte a aménagé des porosités entre les espaces chauffés et non chauffés pour favoriser la circulation de l’air.
Un phasage minutieux
Outre les délais restreints imposés par France Relance, l’une des principales difficultés aura consisté à mener un chantier sans affecter l’activité de l’ENSAM.
« Le site étant occupé, il a fallu mettre en place un phasage assez fin des travaux, indique l’architecte. Il a aussi fallu surmonter les difficultés d’accès au chantier liées à l’extension de 2002, qui encercle le bâtiment historique. »
Aujourd’hui, l’ENSAM a retrouvé de sa superbe, grâce à une façade propre comme au premier jour et à un mix énergétique ingénieux, mêlant gaz et pompe à chaleur (pour l’alimenter, 380 panneaux photovoltaïques ont été installés sur le toit). Ce qui lui a valu de figurer au premier palmarès « réHAB XXe ».