Un projet de 565 logements étudiants
Bâties à l’aplomb du quai Saint-Bernard et de la rue Cuvier, les “barres Cassan” (du nom de leur concepteur Urbain Cassan) sont les premières constructions du campus Pierre-et-Marie-Curie (ex-Jussieu), dans le cinquième arrondissement de Paris.
Réalisées à la fin des années 1950, elles ont servi à accueillir les laboratoires de recherche et des salles de cours. C’est l’une d’elles, la barre F, qui va faire l’objet à partir de 2024 d’un vaste chantier pour être transformée en résidence étudiante de la Ville de Paris, le plus important de la collectivité locale dans ce domaine avec 565 logements prévus.
Le béton, pour un renfort esthétique et structurel
Bien que semblable en apparence aux barres A, B et C, dont elle vient en prolongation le long du Jardin des plantes, la barre Cassan F s’en distingue pourtant sur le plan constructif. Inaugurée en 1962, elle est la seule à ne pas être en structure béton.
Ce bâtiment de huit étages est en effet porté par une armature métallique. Un choix dû à sa configuration initiale.
« Elle était située sur la rue des Halles aux vins, qui fonctionnait encore à l’époque. Le choix de l’acier a été fait pour ne pas trop déranger l’activité », explique l’architecte Charles-Henri Tachon, qui a remporté le concours avec l’agence Abinal & Ropars.
Le béton est pourtant loin d’être absent de ce bâtiment de style Moderne. Les éléments structurels en façade sont en effet “enveloppés” de béton pour assurer une continuité esthétique avec les autres barres Cassan, tandis que les planchers sont réalisés dans ce matériau tout comme des poutres préfabriquées en intérieur qui viennent en soutien de l’armature métallique.
Les attributs du logement
Pour ce projet de résidence étudiante, l’Université Pierre-et-Marie-Curie-Sorbonne a voulu donner un aspect séduisant à ce bâtiment, qui n’a pas obligatoirement une bonne image.
« Dans notre projet, nous essayons de faire basculer cette impression avec la suppression en façade des allèges qui sont à un mètre de hauteur, ce qui n’est pas en accord avec du logement. Nous les avons rabaissées et mis des portes-fenêtres avec des garde-corps. La trame de deux mètres ne correspondait pas non plus à un bâtiment résidentiel. On se retrouvait avec des recoupements qui venaient au milieu d’une fenêtre. Nous avons donc réinscrit une épine verticale pour venir marquer une nouvelle ligne entre deux logements », note Charles-Henri Tachon.
e béton d’origine, peu abîmé, sera restauré à l’identique. Dernière évolution en extérieur, pour rendre plus attractive la future résidence étudiante : l’ouverture de l’espace en rez-de chaussée, qui était logé sous les pilotis et occupé par une bibliothèque.
« Nous proposons de l’ouvrir en créant de grands porches entre rue et pelouse, pour avoir une lecture traversante entre intérieur et extérieur de l’université », indique l’architecte.
Un bâtiment facilement réversible
L’intérieur de la barre, qui accueillera des T1, T2 et même des T3 au dernier niveau en duplex pour des chercheurs, sera réaménagé en chambres estudiantines.
Une métamorphose qui se révèle plus facile que prévu, selon Charles-Henri Tachon : « Même si ce n’était évidemment pas l’intention des concepteurs du bâtiment, la barre F est facilement réversible en raison de sa structure poteaux-poutres idéale pour des laboratoires de physique-chimie, qui impose une logique fluide extrêmement importante. Le couloir central avec une ligne porteuse encadrée de gaines techniques verticales fonctionne plutôt bien dans le plan d’une résidence étudiante, car il permettra de distribuer les chambres et de reprendre partiellement les gaines techniques pour les salles de bain des chambres. »
À noter que l’ensemble des éléments de façade en béton, comme les éléments porteurs intérieurs, seront conservés et restaurés pour mettre en lumière la structure de l’édifice. Le projet, qui montre la capacité de certains bâtiments d’après-guerre construits en totalité ou pour partie en béton à se régénérer et se réinventer, devrait être achevé en 2026.