Construit le long d’un rond-point sur lequel passent de nombreux camions venant d’une zone industrielle toute proche, l’école Simone Veil du quartier Saint-Pierre à Carros affiche une architecture forte qui a pour vertu première de limiter les nuisances acoustiques et atmosphériques.
« Nous avons fait le choix d’une façade plutôt hermétique en béton brut, un matériau pérenne qui constitue une enceinte protectrice contre le bruit, le soleil et le vent. Et toutes les ouvertures pour les classes au rez-de-chaussée sont dirigées vers la cour », explique l’architecte Baptiste Franceschi, associé de l’agence marseillaise OH!SOM qui a conçu avec l’Atelier Festino ce bloc scolaire inauguré début 2021.
Afin de donner également de la douceur à cet édifice destiné à des enfants et créer une mise en scène de l’institution publique sur la rue, l’école possède une forme arrondie dont la façade est rythmée par des arcades de différentes largeurs.
Autre choix fort pour ce bâtiment qui se veut bioclimatique, celui d’associer au béton le bois en ossature et en bardage pour les toitures et les volumes ouverts sur la cour.
L’école s’inscrit d’ailleurs dans la démarche Envirobat BDM (Bâtiment durable méditerranéen), créée en 2008 par les professionnels de la construction et de l’aménagement de la Région Paca.
« Ce label a vocation à encourager des conceptions durables mais avec une grille de notation réalisée à partir de de critères locaux. BDM est né dans le sud-est, mais il existe désormais un BDO en Occitanie, dans les Alpes, en région Centre… », explique Baptiste Franceschi.Cet outil est en tout cas bien utile, car il est de plus en plus fait mention de l’architecture bioclimatique dans les appels d’offres.
Autre élément caractéristique d’une architecture bioclimatique : l’attention portée au plan masse.
« L’orientation du bâtiment fait qu’il se protège du Mistral et que les apports solaires sont maximisés pour avoir un confort d’été et d’hiver. Le préau, les casquettes et les brise-soleils en façade logés dans les arcades sont disposés afin qu’il ne fasse pas trop chaud dans les classes mais que le soleil y rentre tout de même en hiver », analyse l’architecte.
Le béton, durable par nature
Quant à l’usage du béton pour la façade mais aussi les planchers, l’escalier monumental du hall et les murs intérieurs, il ne rentre pas en opposition avec la démarche BDM pour Baptiste Franceschi : « Sans être biosourcé, c’est un matériau durable par nature en Région Paca. Les carrières et les centrales sont à proximité et il existe un savoir-faire régional en ce domaine. De plus, il possède une forte inertie thermique qui, associée à la protection solaire et une ventilation naturelle nocturne avec une sur-ventilation pour sortir l’air chaud, permet de ne pas avoir de climatisation. »
Esthétiquement, le choix a été fait d’un béton brut clair, typique de la région en raison de la nature des granulats. Mais le travail de coulage en place a été délicat selon l’architecte de l’agence OH ! SOM : « Faire des fenêtres et des murs courbes n’est pas évident, mais faire des fenêtres courbes dans des murs courbes est encore plus compliqué. Cela demande savoir-faire et application, mais le béton pour cette école est quasi-parfait ! »