Quelle est la genèse du projet VALNET, ses enjeux et objectifs ?
Thierry Périer : Programmé sur deux ans jusqu’en décembre 2024, le projet Valnet a pour objectif de créer un béton écoresponsable incorporant des fibres issues des filets de pêche et des cordages. Il fait suite au projet expérimental Firenor, qui visait à structurer la collecte et le tri des engins de pêche usagés dans trois ports normands.
L’enjeu de VALNET est de valoriser les engins de pêche usagés, jusqu’à présent enfouis, en les intégrant dans la composition d’un béton écoresponsable fabriqué à proximité des zones de collecte, en vue de réduire l’empreinte carbone de la filière BTP.
Cela répond à la fois aux objectifs de la loi AGEC en faveur de l’économie circulaire et à ceux de la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Concrètement, quelles fibres sont concernées par ce projet et dans quelles applications béton pourraient-elles être intégrées ?
Nassim Sebaibi : L’idée est de remplacer une partie des treillis en acier présents dans des chapes par des fibres provenant du broyage des engins de pêche usagés.
Nous nous intéressons, pour l’instant, aux chaluts, alèzes et cordages en polypropylène et polyamide qui sont transformés en micro et macro-fibres pour être intégrés dans la composition du béton. Ces bétons seront destinés à la fabrication de chapes et de murs de refend, et pourquoi pas de murs porteurs.
Nous sommes déjà parvenus à remplacer près de 60 % des renforts en acier, pour une résistance conforme aux normes de construction, et nous visons les 100 % de substitution suivant les travaux de recherche menés au sein de BUILDERS Lab.
« L’enjeu de VALNET est de valoriser des déchets, jusqu’à présent enfouis. […] Cela répond à la fois aux objectifs de la loi AGEC en faveur de l’économie circulaire et à ceux de la Stratégie Nationale Bas Carbone. »
Thierry Périer, chargé de mission développement économique au pôle Aquimer
« L’enjeu scientifique du projet VALNET est de développer une technique facile liée au broyage, au déchiquetage des engins de pêche avant leur incorporation dans le béton en tant que matériaux alternatifs aux treillis soudés. […] À la suite de cette phase, des travaux d’optimisation de la composition de béton à base d’engins de pêche sont étudiés par le Laboratoire BUILDERS tout en respectant le cahier des charges de l’application citée précédemment. Aussi, des expérimentations de durabilité sont étudiées suivant les recommandations normatives qui se basent sur la méthode performantielle. »
Nassim Sebaibi, Responsable de l’Unité de Recherche de BUILDERS Ecole d’ingénieurs
Quel est votre plan de recherche, avec quels défis scientifiques et techniques, pour quels résultats et quelles perspectives ?
Nassim Sebaibi : L’unité de recherche BUILDERS Lab avait déjà commencé à travailler sur la valorisation des filets de pêche avant le lancement du projet VALNET.
L’étape la plus complexe a consisté à analyser les composants des filets et cordages, puis à optimiser leur nettoyage, leur broyage et leur criblage, afin d’obtenir des micro et macro-fibres faciles à intégrer dans le composite cimentaire.
Nous devons également mener des tests de vieillissement, de résistance et de durabilité, d’abord au sein de BUILDERS Lab, puis sur un chantier pilote avec un partenaire industriel, en vue de l’homologation et de l’industrialisation du procédé.
Thierry Périer : Le projet VALNET2 devrait porter sur la valorisation de nouveaux polymères et le déploiement d’une solution globale au plan national.
Car l’objectif est bien de développer, à terme, une filière technico-économique et logistique de proximité pour collecter, trier et valoriser les filets de pêche usagés sur tout le littoral français, avec l’ensemble des parties prenantes : acteurs de la filière pêche, aménageurs des ports, entreprises de collecte et de valorisation, entreprises de BTP.