Vous êtes tous deux impliqués dans la réalisation du récif “Albert Falco“, inauguré en octobre 2021 par le Prince Albert de Monaco. Comment y avez-vous contribué ?
Le Palais Princier a souhaité honorer la mémoire d’Albert Falco, premier océanaute et Second du Commandant Cousteau disparu en 2012, par la création d’un récif monumental, immergé à 18 mètres de profondeur dans la réserve naturelle du Larvotto.
Ce récif a été conçu suivant une esquisse de l’apnéiste monégasque Pierre Frolla, en partenariat avec la Direction de l’Environnement de Monaco, le bureau d’étude en environnement marin Setec In Vivo, XtreeE, pour l’impression 3D, et la société Pro Dive, qui a assemblé et immergé le récif. Conçu en béton rugueux sans ferraillage, il est destiné à se couvrir d’algues et de coraux, avant d’être colonisé par d’autres espèces marines.
Pourquoi le béton imprimé en 3D est-il recommandé pour ce type de récifs ?
Le béton imprimé est un matériau durable qui peut être immergé très longtemps sans se dégrader. Rugueux et légèrement poreux en surface, il se recouvre rapidement d’un film de bactéries et de micro-algues qui favorise la biodiversité sous-marine. L’aspect strié du béton 3D, avec ses aspérités, est aussi particulièrement approprié au récif artificiel qui peut prendre les formes que l’on souhaite en fonction du milieu.
Sa complexité formelle et ses nombreuses micro-cavités en font un abri idéal pour les poissons, les crustacés, les céphalopodes, les coraux, les poulpes et les murènes, qui viennent rapidement coloniser les structures immergées, là où il n’y a pas d’habitat naturel.
Qu’est-ce qui a guidé la conception et la réalisation de ce récif ? Comment s’est déroulé votre processus de R&D ?
Nous sommes partis d’une esquisse pour concevoir ce récif de 3 mètres par 3, constitués de 7 modules imprimés, qui ont été assemblés entre eux avant d’être immergés. Grâce au logiciel de conception paramétrique d’XtreeE, il était possible de visualiser le rendu final en 3D et de le modifier en temps réel, ce qui a permis d’aller très vite en conception, comme en impression.
Pour ce récif, nous avons utilisé du béton ultra haute performance, fibré en synthétique, afin de minimiser son impact sur la vie des océans. Pour les projets à venir, nous envisageons d’utiliser du béton bas carbone avec des déchets laitiers de haut-fourneau ou des granulats en coquillages.
Ce n’est pas la première fois que vous collaborez ensemble, sur des récifs artificiels en béton. Quels ont été vos précédents projets ?
Le récif commémoratif Albert Falco est le troisième type de récifs artificiels que nous réalisons pour la Principauté, très investie dans cette solution pour préserver la biodiversité sous-marine.
En 2018, nous avions déjà été sollicités pour la réalisation de 5 récifs immergés, destinés à favoriser la recolonisation par les mérous, et, en 2020, nous avons réalisé 10 récifs plaques pour habiller une contre-jetée, dont les parois trop lisses ne sont pas propices pour le vivant.
L’objectif de ces récifs artificiels est de parvenir à un équilibre dynamique en fixant d’abord des espèces pionnières végétales et opportunistes, avant de créer un véritable éco-système abritant de nombreuses espèces marines.