Un démonstrateur à taille réelle
Une éolienne, flottant en pleine mer sur une gigantesque bouée de…béton ! Cette image, aussi surprenante qu’elle puisse paraître, est pourtant bien réelle. Floatgen, la première éolienne flottante de France, dispose d’un flotteur entièrement fabriqué en béton armé.
Conçu et construit par un consortium européen de sept partenaires – dont la start-up Ideol, spécialisée dans les technologies des fondations flottantes, Bouygues Travaux publics et l’École Centrale de Nantes -, ce démonstrateur a été mis en œuvre pour confirmer l’intérêt de cette technologie innovante, qui pourrait représenter l’avenir de l’éolien marin.
Il faut dire que, comparée à l’éolien offshore classique “fixe”, ses atouts sont nombreux : grâce à son flotteur, elle s’affranchit des contraintes de profondeur, et peut en effet être implantée au large, là où le vent souffle et où la distance avec la côte limite son impact visuel.
Un béton léger…
Pour que la structure massive du flotteur, en forme d’anneau carré, puisse servir de bouée et satisfaire le théorème d’Archimède, « il fallait alléger son poids au maximum », explique Régis Bigard, responsable du projet pour Bouygues Travaux Publics.
C’est pourquoi un béton léger, constitué à partir de granulats très poreux, a été formulé. L’intérieur de l’anneau a été divisé en 16 alvéoles, formant autant de chambres indépendantes qui permettent d’assurer une bonne flottabilité.
… et résistant
Outre sa légèreté, cette bouée devait également pouvoir survivre aux assauts répétés de la houle et de vagues de 16 mètres de haut.
Pour augmenter sa résistance, le béton dispose ainsi d’une grande quantité d’armatures, auxquelles s’ajoutent des câbles de précontrainte, « destinés à limiter la fissuration du béton, et donc à améliorer sa durabilité dans le temps », précise Régis Bigard.
Enfin, pour se maintenir en position à la surface de l’eau, même en cas de tempête, le flotteur est solidement ancré au fond marin par l’intermédiaire de 6 lignes en fibres de nylon de plusieurs centaines de mètres de long.
Le début d’une nouvelle ère
Alors que la phase de tests s’est achevée courant mars, Floatgen devrait bientôt quitter le port de Saint-Nazaire.
Courant avril 2018, l’éolienne de 2 MW sera acheminée en pleine mer, à 22 km au large du Croisic. Elle y sera raccordée au réseau par l’intermédiaire du long câble électrique sous-marin qui l’attend déjà.
La première production d’électricité devrait suivre dans la foulée. Elle marquera le début d’une nouvelle ère : quatre projets de fermes de 25 MW chacun, utilisant la même technologie, ont d’ores et déjà été attribués par le gouvernement français avec des objectifs d’installation entre 2020 et 2021. Et avec un potentiel hexagonal d’exploitation commerciale estimé à 6 GW, la belle aventure de l’éolien flottant ne fait que commencer…