Les skateparks reconquièrent le cœur des villes. Comment expliquer cette tendance ?
David Legoux : C’est une tendance de fond qui s’observe depuis une dizaine d’années. Les premiers skateparks, qui étaient excentrés, sont devenus des zones marginalisées, or les familles veulent être rassurées, voir leurs enfants au cœur de la ville. Il en existe aujourd’hui 3 000 déclarés en France, dont 60 % dans des petites villes de moins de 5 000 habitants.
Une centaine de grandes agglomérations cherchent aujourd’hui à les implanter en centre-ville, ou à proximité d’un équipement sportif ou scolaire, pour répondre à une demande très forte. En effet, il existe plus de 500 000 pratiquants dans le pays, jusqu’à 2 millions si l’on compte les trottinettes, vélos et rollers.
Quels sont les grands projets de construction en cours ?
D. L. : Parmi les chantiers de taille nationale, c’est-à-dire d’environ 2 000 m2, on peut citer le skatepark de Limoges, dans un jardin classé en plein cœur de ville. À Calais, sur le front de mer, une grande allée paysagée verra le jour d’ici à 2021, avec un skatepark au milieu de cet écrin.
À Pau, une ancienne halle va en partie être reconvertie en skatepark, tandis que celui du quai des Chartrons, à Bordeaux, va faire l’objet d’une rénovation. On peut également mentionner les projets situés à Capbreton, Clermont-Ferrand, La Rochelle, Villeurbanne, Tours, Cannes ou encore La Seyne-sur-mer.
Les skateparks sont aujourd’hui conçus par des cabinets d’ingénierie spécialisés. Pourquoi cette professionnalisation ?
D. L. : Un marché s’est créé, porté par des pratiquants. Les plus grands concepteurs sont Constructo Skatepark Architecture à Marseille, Hall 04 Skateparks à Capbreton, The Edge à Rennes, et Antidote Skateparks à Bayeux. De la programmation de l’équipement à sa construction, il est vivement recommandé aux collectivités de faire appel à des spécialistes.
En quoi le béton est-il le matériau idéal pour les skateparks ?
D. L. : Tout d’abord, parce qu’il résiste mieux aux agressions que subissent les surfaces, ce qui réduit les coûts d’entretien. Ensuite, parce qu’il réduit la nuisance du bruit.
Enfin, il offre davantage de possibilités en termes de créativité. Par exemple, pour le skatepark de Nanterre, au-dessus de l’A86, le béton s’est mêlé au polystyrène, ce dernier ayant pris la place du remblai et permis d’alléger la structure.
Attendez-vous des innovations du côté de ce matériau pour améliorer encore la pratique des skateurs et la réponse aux besoins des collectivités ?
D. L. : Des avancées ont été faites en matière de béton drainant l’eau de pluie. Nous espérons beaucoup des traitement anti-graffitis en cours de développement, car la peinture a tendance à pénétrer dans le béton.
Autre attente forte : un béton qui soit absorbant sur le plan acoustique, de manière à améliorer encore ses performances.