Grand chantier du XXIe siècle, le Grand Paris Express est stratégique pour le développement de la région Capitale. Il donne aussi l'occasion de bâtir une nouvelle génération de gares, pour lesquelles certains architectes ont privilégié le matériau béton. Focus sur trois projets singuliers.
200 km de métro automatique pour relier les quartiers d’affaires, les pôles scientifiques, les aéroports et les gares TGV : à l’horizon 2030, le Grand Paris Express (GPE) servira d’ossature au développement économique de l’Ile-de-France. Près de deux millions de voyageurs l’emprunteront chaque jour, avec des temps de trajet considérablement réduits.
De nouvelles centralités urbaines
Les 68 gares de ce nouveau réseau sont appelées à devenir des centralités emblématiques du Grand Paris, en fédérant des projets immobiliers tels que des logements, bureaux et espaces publics. La charte architecturale imaginée par les architectes Jacques Ferrier et Pauline Marchetti sollicite les cinq sens : séquençages de la descente, variations des volumétries spatiales, alternances d’éclairages, effets acoustiques, choix des matériaux… Autant de moyens dont disposent les concepteurs de chaque gare pour dépasser la logique infrastructurelle. Certains jouent même avec les propriétés du béton pour créer des univers singuliers.
Les architectes témoignent
GARE DE VITRY-CENTRE
Forme organique à Vitry
« Dans un tissu dense, la gare de Vitry-Centre empiète sur le parc du Coteau, un espace vert très prisé des riverains. Pour compenser cet emprunt, nous avons créé un continuum entre le parc et la gare sous la forme d’un ruban de béton clair qui passe dans le parc, devient clôture, garde-corps ou banc avant de se soulever pour former une voûte qui abrite l’entrée de la gare, végétalisée en partie supérieure. »
Frédéric Neau, Atelier d’architecture King Kong
GARE D’ANTONY
Squelette en béton aux Ardoines
« L’architecture s’inspire de son contexte : un quartier en pleine mutation, qui se densifie et se tourne vers les biotechnologies. Nous avons choisi le béton, déjà très présent dans le site, pour dessiner un bâtiment biomorphique qui s’apparente à un squelette. Un squelette qui prend racine au fond de la gare et qui s’élance vers le haut en s’évidant à mesure qu’il s’élève jusqu’à devenir dentelle. Ce jeu graphique permet aux usagers de se situer dans leurs déplacements. Constitué de granulats clairs, le béton est d’une couleur d’os. »
Denis Valode, Valode et Pistre
GARE DE BAGNEUX
Une grotte souterraine
« C’est l’une des gares les plus profondes du Grand Paris Express (33 m). Passer de la lumière naturelle et du sol urbain au tréfonds de la terre était une question cruciale. Nous avons donc choisi de faire descendre le voyageur dans une grotte agréable en développant l’idée d’expérience corporelle. Si l’extérieur présente un dessin de structure épurée, l’intérieur est une grande faille en béton texturé clair qui matérialise l’idée de la roche. »
Marc Barani, architecte
Par Delphine Deveaux, le 07/12/2017.