Dans quel contexte s’inscrit la réhabilitation de l’ancien siège de L’Humanité ?
Le bâtiment était inoccupé depuis une quinzaine d’années, ce qui a entraîné des dégradations.
Pour que l’État, son nouveau propriétaire, puisse y installer ses services, il fallait donc le réhabiliter.
Dans le cadre du programme de rénovation énergétique des bâtiments publics associé à France Relance, un marché global de performance (MGP) a été lancé, avec la préfecture d’Ile-de-France comme maître d’ouvrage et l’OPPIC* comme maître d’ouvrage délégué.
J’y ai répondu avec Eiffage, qui avait construit cet immeuble imaginé par Oscar Niemeyer à la fin des années 1980.
Ce patrimoine est inscrit aux Monuments Historiques au titre de ses façades, et il me tenait à cœur de le faire revivre, tout en lui faisant bénéficier des mêmes performances que les bâtiments neufs actuels.
Qu’est-ce qui rend ce patrimoine si exceptionnel ?
Il est très moderne. On y retrouve tout le vocabulaire architectural développé par le mouvement moderniste et par Oscar Niemeyer : le travail sur les formes, le bâtiment posé sur pilotis, l’usage du béton, les grands plateaux flexibles…
Il y a aussi ce fameux mur-rideau, en verre extérieur collé, qui enveloppe le bâtiment, et dont la teinte rappelle celle de la toiture de la basilique Saint-Denis, située juste en face.
Oscar Niemeyer l’avait déjà expérimenté au Brésil, et l’a reproduit ici.
« Bien qu’un peu abîmé par le temps, le béton est resté intact. On le doit à l’important travail qui a été mené sur le dosage des agrégats, du ciment, du sable et de l’eau, pour obtenir la bonne composition et la teinte voulue. »
Vera Matovic, architecte, Savoir-Fair
Dans quel état se trouvait le béton ?
Bien qu’un peu abîmé par le temps, il est resté intact. On le doit à l’important travail qui a été mené sur le dosage des agrégats, du ciment, du sable et de l’eau, pour obtenir la bonne composition et la teinte voulue.
Jean-Maur Lyonnet, qui fut l’un des proches collaborateurs d’Oscar Niemeyer, nous a raconté les longues discussions avec Eiffage à ce sujet, pendant le chantier. C’était une chance de pouvoir profiter d’un tel témoignage.
Comment avez-vous abordé cette réhabilitation ?
Pour des raisons de respect du patrimoine, mais aussi de bilan carbone, notre parti pris a été de conserver tout le gros œuvre.
En revanche, il a été décidé de changer le mur-rideau, qui ne permettait pas de satisfaire le niveau de performance exigé dans le cadre de France Relance.
Il sera donc reconstruit à l’identique, mais avec de nouveaux éléments. Quant au béton, il fera l’objet d’un grand nettoyage.
Pour que le procédé soit parfaitement adapté au matériau existant, nous avons prélevé des échantillons de béton à différents endroits du bâtiment et les avons fait analyser par un laboratoire.
Grâce à cela, nous avons pu connaître avec précision sa composition et en déduire qu’il lui fallait un nettoyage léger.
Où en est le projet ?
Le chantier a démarré l’an dernier, pour une livraison début 2025. Tous les témoins (espaces bureaux, mur-rideau, etc.) ont été vus.
Actuellement, nous posons les façades du mur-rideau, passons les réseaux à l’intérieur du bâtiment, nettoyons le béton…
Tous les corps d’état techniques sont en place.
* Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture.