Avec son nom inspiré de Poséidon, la posidonie est loin d’être anodine. Reconnaissable à ses longues feuilles, cette plante aquatique recouvre, sur des milliers d’hectares, les fonds marins de la Méditerranée. Elle assure non seulement le rôle de poumon de la mer, mais constitue aussi une frayère et un refuge pour de nombreux poissons.
D’où une réglementation renforcée en matière d’ancrage des bateaux, pratique susceptible de détruire ces vastes herbiers si essentiels à la biodiversité : dans de nombreux secteurs, le mouillage sauvage des navires de plus de 20 mètres ou de 24 mètres est désormais interdit.
Un mouillage respectueux des fonds marins
Dans certaines zones autorisées, les plaisanciers peuvent néanmoins profiter de coffres de mouillage d’un nouveau genre, fabriqués en béton : immergés, ces derniers sont reliés par une chaîne à une bouée, à laquelle s’amarrent les bateaux.
Conçue par le groupe Lib, sous l’impulsion de son directeur général passionné par le milieu aquatique, Jean-Louis Gaziello, cette solution est à même de protéger et de régénérer les fonds marins, tout en accueillant de manière sûre des navires au mouillage.
Les premiers spécimens ont rejoint les fonds de la Méditerranée en 2021, après une quinzaine d’années de recherche avec Amareco, une entreprise réunissant divers spécialistes de la mer et de la préfabrication lourde en béton.
Des coffres intégrés aux sites naturels
« Ce sont des habitats uniques et biomimétiques intégrés aux sites naturels et adaptés aux espèces cibles à protéger et valoriser, parmi lesquelles les mérous, les daurades et les sars, explique Céline Jalabert, responsable Communication du groupe Lib. Ils sont préfabriqués en béton dans des moules en élastomère, ce qui nous permet de concevoir des formes complexes avec des surfaces structurées. Ici, des interstices, des trous, des cavités, où les poissons peuvent venir se cacher. »
Pour ces coffres, le béton offre de multiples atouts.
« Il nous permet de produire des coffres de mouillage à la fois résistants et durables avec zéro matériaux polluants, souligne Céline Jalabert. La porosité de surface avec des détails de structure favorise une accroche et une colonisation rapide. »
Afin de répondre aux différentes tailles de navires, quatre modèles ont été imaginés, d’un poids unitaire de 10 à 50 tonnes.
À ce jour, une vingtaine de coffres sont déjà sortis de l’atelier du groupe Lib, situé à Vers-pont-du-Gard. On en trouve au large de la Corse, de Monaco, de Gruissan ou encore à Sète, où les coffres ont la particularité d’avoir été élaborés à partir de sédiments de dragage introduits dans les bétons (projet Readynov, financé par la Région Occitanie).
Alors que la flore et la faune investissent progressivement leur nouvel habitat, la priorité du groupe Lib est d’éviter l’arrivée d’espèces invasives par le biais d’un contrôle constant. Pour répondre au défi de la protection des fonds marins, d’autres coffres seront plongés dans la Méditerranée en 2024.