Théâtre et événementiel
À Lyon, l’Île Ô sera bientôt le plus grand théâtre flottant construit sur une coque en béton armé. Cet équipement culturel, porté et développé par Jean-Philippe Amy et David Lahille, du Patadôme Théâtre, prendra place au pied du pont Gallieni, dans le 7e arrondissement.
« Ce projet est né du constat que l’offre de théâtre pour enfants était insuffisante sur la métropole lyonnaise, et de notre volonté de nous installer en cœur de ville », explique David Lahille.
Face aux difficultés de trouver du foncier, c’est à la suite d’un appel à projets lancé par Voies navigables de France qu’est venue l’idée d’un théâtre flottant.
« L’enjeu était de répondre à nos activités de théâtre pour enfants et d’événementiel pour les entreprises, en nous intégrant à l’urbanisme environnant grâce à un équipement fluvial innovant et remarquable au plan esthétique », poursuit-il.
Objet remarquable
Pour la conception et la construction de l’Île Ô, les co-porteurs du projet ont fait appel aux spécialistes mondiaux d’édifices flottants notamment l’architecte Koen Olthuis, conseiller spécial auprès de l’UNESCO. Ce dernier a proposé une esthétique très contemporaine, qui attire les regards, avec une cascade de cubes blancs roulant sur l’eau.
« Sa ligne dynamique en forme d’origamis, qui se reflètent dans le Rhône, donne une esthétique changeante faite d’ombres et de lumières, souligne David Lahille. Nous voulions un objet remarquable, que ses usagers apprécient, qui soit pris en photo par les touristes, et dont les riverains soient fiers ! »
Coque en béton armé
Après avoir envisagé plusieurs matériaux, le choix du béton armé s’est imposé pour la coque. Grâce à sa masse et à sa forte densité, le béton permet en effet d’immerger la coque dans l’eau pour la stabiliser, et d’habiter le fond.
Sa résistance et sa rigidité rendent aussi possible la réalisation d’une superstructure bois et acier abritant deux scènes, tandis que sa durabilité et sa simplicité d’entretien en font un matériau inégalé pour un édifice flottant.
« Les premières coques en béton étanche datent du début du siècle et ne nécessitent pas de mise hors d’eau tous les dix ans pour peinture, mentionne David Lahille. Seul ce matériau permet de réunir autant d’avantages, tout en réduisant son coût par rapport à de l’acier. »
Prouesse technique
Pour réaliser la double paroi, le fond et les cloisons transversales de la coque – qui mesure 38 m de long sur 11 de large, et qui pèse 555 t –, 232 m3 de béton ont été nécessaires.
« Sa fabrication au sol a exigé un savoir-faire très spécifique en matière de tissage de l’acier, de coulage et de vibrage du béton », confie David Lahille.
Pour sa mise à l’eau, il a ensuite fallu renforcer le quai et faire appel à une grue de 56 m avec plus de 300 t de contrepoids. S’en sont suivis la construction en bois des gradins, des planchers et des murs, la réalisation de la structure acier pour les cubes extérieurs, et le convoyage vers son lieu d’amarrage pour les aménagements et les finitions. L’inauguration de ce futur édifice emblématique est prévue début janvier pour l’ouverture de sa première demi-saison artistique.