L’agence Carta-Reichen et Robert Associés a été choisie pour réhabiliter le Centre hélio-marin de Vallauris. Pouvez-vous nous rappeler son histoire ?
Cet établissement hospitalier, ouvert en 1934, a été conçu comme un sanatorium suivant le principe des gradins-terrasses, offrant aux malades une exposition maximale au soleil. Son architecte, Pierre Souzy, revendique aussi son inspiration de l’architecture d’Henri Sauvage, pionnier des immeubles à gradins au début du siècle.
Ce bâtiment remarquable en béton, avec son système étagé abritant des chambres en belvédère, a subi au fil du temps des adaptations sans rapport avec l’architecture d’origine.
Une extension réalisée en 1976 a notamment servi à accueillir des plateaux de kinésithérapie et de balnéothérapie. Devenu centre de soins de suite et de réadaptation appartenant à l’Assurance Maladie, il a fait l’objet d’un concours pour sa réhabilitation, dont nous avons été lauréats.
Quelle philosophie a guidé votre projet de réhabilitation ?
Notre ambition est de revenir à la silhouette générale du projet d’origine, dont les plans sont tout simplement splendides. Revenir à l’essence même du projet originel, c’est s’aligner sur la pensée de notre prédécesseur, tout en réhabilitant les espaces intérieurs afin de les adapter aux normes de confort, d’accessibilité et de sécurité.
En ce sens, nous nous définissons comme des architectes de l’invisible, dont le travail est de préserver le patrimoine architectural sans dénaturer son esprit ni modifier sa structure.
L’extérieur retrouvera ainsi son aspect d’origine avec sa teinte blanc cassé, comme le hall d’entrée, son retrait d’origine sans auvent, avec un aménagement paysager revenant aux jardinières de 1934.
Concrètement, quelles transformations allez-vous réaliser, avec quelles contraintes ?
Les plateaux abritant les chambres seront entièrement décloisonnés, désamiantés, raccordés, isolés et mis aux normes, ce qui implique des travaux complexes en site occupé, par phases, avec une organisation verticale des opérations.
Ces dernières devront aussi prendre en compte la structure complexe d’un bâtiment des années 1930, avec un squelette assez fragile, constitué d’un nombre important de poteaux, de poutrelles en T et de planchers caissons en béton.
Les équipements techniques trouveront leur place dans les locaux inoccupés du dernier niveau, tandis qu’un bassin de balnéothérapie sera construit dans l’ancienne salle de spectacle. Les enduits des façades ainsi que la tour principale seront aussi refaits. Tous ces travaux devraient démarrer en 2023.
En quoi le béton est-il un atout pour la réhabilitation de ce bâtiment et, plus généralement, un matériau qui vous inspire ?
La structure en béton, même si elle est datée, nous permet de tout remettre à nu avant la rénovation complète de l’intérieur. Travailler sur le « déjà-là » s’inscrit dans une démarche à la fois patrimoniale et durable, complexe et passionnante.
Plus généralement, le béton est le matériau des architectures novatrices et esthétiques, qui peut être associé à des éléments anciens ou ultra-contemporains. Multiple et évolutif, il peut être architectonique, fibré, matricé, ciré, coloré, désactivé… et même décarboné. Sa résistance en fait un matériau structurel inégalé, quand sa texture et sa plasticité lui autorisent toutes les audaces formelles.