L’UFO, aujourd’hui occupé le groupe Leboncoin, est un immeuble en béton que vous avez récemment réhabilité. Comment ce matériau a-t-il orienté votre projet et autour de quel fil rouge ?
Axel Schoenert : Obsolète et vidé de ses occupants, cet ensemble tertiaire des années 70 de six étages n’était plus adapté aux normes actuelles d’isolation, de sécurité, d’accessibilité et d’usage. Lorsque nous avons été mandatés pour le restructurer, nous avons imaginé un bâtiment faisant le lien entre le passé du quartier, lié à la confection textile, et le présent, faisant la part belle aux start-up digitales.
Nous avons profité de l’architecture poteaux-poutres du bâtiment et de sa forme en U pour imaginer de nouvelles façades, de grands espaces de travail, des ouvertures sur l’extérieur et des toitures végétalisées. Sa structure en béton a finalement été un atout pour lui redonner une nouvelle vie, en faisant presque table rase de l’existant.
Il s’est agi d’une réhabilitation lourde. En quoi les aménagements ont-ils consisté et pour quels objectifs ?
Axel Schoenert : Tout l’intérieur a été déconstruit, désamianté et déplombé, et un hall à double hauteur a été créé, ainsi qu’un nouvel escalier. Les façades en béton préfabriqué ont été déposées et remplacées par une triple couche, constituée d’une maille en béton décoratif, de stores motorisés et de vitrages encadrés de châssis en aluminium. La façade sur cour a été entièrement refaite en verre avec des boîtes en saillie qui servent d’espaces de réunion, et des pantographes qui peuvent s’ouvrir.
Chaque niveau a également été agrandi grâce à la mise en place de dalles en porte-à-faux. Deux patios ont été aménagés et la toiture technique a été transformée en terrasse végétalisée.
Tous ces aménagements ont permis d’améliorer l’esthétique et la fonctionnalité du bâtiment, pour le rendre plus agréable à vivre, plus lumineux, plus durable, mieux isolé, et plus flexible.
Pour les façades sur rue, vous avez utilisé un béton blanc autonettoyant qui lui donne cette esthétique si particulière. Pour quelle raison ?
Axel Schoenert : L’idée était de créer une matrice évoquant les anciens métiers à tisser, avec une trame légère de lignes horizontales et verticales qui s’entrecroisent. Nous avons donc imaginé des panneaux décoratifs en béton blanc teinté dans la masse, qui viennent se placer devant les menuiseries extérieures.
Près de 200 cadres de 3,20 mètres de haut par 4,68 mètres de large, différents pour les 6 niveaux, ont ainsi été moulés avec du béton haute performance, autonettoyant et dépolluant. Ce béton extrêmement lisse, a une fonction déperlante pour l’eau et dépolluante, grâce au principe de la photocatalyse qui décompose les substances et polluants organiques sous l’effet des rayons solaires.
Cette nouvelle enveloppe, qui respecte la forme originale du bâti et gardera son aspect initial plus longtemps, met en valeur le bâtiment et crée une véritable respiration dans un quartier fortement urbanisé.
Ce lieu fait également la part belle au végétal et cumule les certifications environnementales. Le béton est-il aussi un allié pour cela ?
Axel Schoenert : La végétalisation des espaces est devenue un enjeu de développement durable en milieu urbain. Plus on végétalise, plus on baisse la température ambiante et moins on climatise.
La création de patios, aménagés en terrasses et complétés par un mur végétal, ainsi que l’aménagement de toitures végétalisées en rooftop, offrent des espaces aérés aux usagers, tout en contribuant à la végétalisation du quartier.
La structure en béton nous a aussi permis d’installer des stores extérieurs motorisés en façade plus efficaces contre le soleil pour un bâtiment naturellement tempéré.
Ainsi réhabilité, cet immeuble, très apprécié par ses utilisateurs, s’apparente à une construction neuve en bénéficiant d’une quintuple certification environnementale HQE excellent, BBC, BREEAM excellent, WELLGold et Wired Score Gold.