Rendre la ville perméable
En milieu urbain, comment éviter que de fortes pluies ne saturent les réseaux d’assainissement et entraînent des risques de pollution ?
C’est tout l’enjeu du concept de ville éponge, dont s’inspirent aujourd’hui de nombreuses mégalopoles, telles que Wuhan, qui fut pionnière en la matière, mais aussi Berlin ou New York.
Le principe ? Rendre à la ville sa perméabilité. Un objectif d’autant plus important que le dérèglement climatique ne fait qu’accentuer les événement météorologiques violents.
Pour faire de la ville éponge une réalité, le béton dispose de sérieux atouts, à l’image de ses solutions drainantes. C’est ce qu’a démontré la dernière édition du concours Génie Civil organisé par le SNBPE (Syndicat national du béton prêt à l’emploi) et Cimbéton, dont le thème était « Béton : une pluie de solutions pour créer la ville éponge de demain ». Et plus particulièrement l’équipe lauréate, formée par trois étudiants de l’Institut supérieur aquitain du bâtiment et des travaux publics (ISA BTP) : Louis Durieublanc, Edward Moscrop et Yohan Naumer.
Des espaces verts tampons
Parmi les solutions imaginées par ces futurs ingénieurs figure la création d’espaces verts tampons, vers lesquels l’eau pluviale serait acheminée depuis les routes et les trottoirs des villes. L’eau pluviale s’infiltrerait directement dans le sol grâce à une couche de roulement en béton poreux, avant de rejoindre des canalisations souterraines, puis les fameuses zones tampons.
Mais pour que l’idée soit viable, encore faut-il que l’eau de pluie rejetée dans la nature soit dépolluée des hydrocarbures avec lesquels elle se mélange en tombant sur la chaussée.
Pour Louis Durieublanc, Edward Moscrop et Yohan Naumer, ce serait le cas grâce à l’Alcanivorax borkumensis, une bactérie à même de dissoudre les polluants, et qui trouverait dans le béton poreux un terrain propice à son développement.
Ainsi, l’eau de pluie récupérée dans les zones tampons ne nuirait pas à l’environnement.
Parois réservoirs et champignons urbains
L’autre approche innovante des trois lauréats consiste en un stockage vertical de l’eau pluvial. Selon eux, l’eau ruisselant des toitures pourrait être récupérée dans des parois réservoirs installées sur le bâti existant des villes : les parois internes seraient en béton hydrofuge et les parois externes en béton faiblement poreux, pour alimenter la végétation en façade.
De la même manière, des châteaux d’eau miniaturisés pourraient être construits en béton poreux, végétalisable. L’eau stockée, aussi bien dans ces parois réservoirs que dans ces champignons urbains, pourrait, par ailleurs, servir au rafraîchissement des villes, ainsi qu’aux consommations des foyers ne nécessitant pas d’eau potable.
Pour terminer, Louis Durieublanc, Edward Moscrop et Yohan Naumer proposent de créer un béton capacitif, capable, par un phénomène électrostatique, de produire de l’électricité avec le ruissellement de l’eau.
« Nous ne pouvons pas dire que nos propositions sont 100 % réalisables. Elles sont pour le moment des idées générales de gestion de l’eau pluviale dans les villes à l’aide du matériau béton, expliquent-ils. Cependant, en creusant un peu plus, ces systèmes, imaginaires pour le moment, pourraient bel et bien devenir réels. »
Des lauréats tournés vers l’avenir
Tous trois étudiants à l’Institut supérieur aquitain du bâtiment et des travaux publics (ISA BTP), Louis Durieublanc, Edward Moscrop et Yohan Naumer sont les grands gagnants de l’édition 2020 du concours Génie Civil du SNBPE et de Cimbéton, pour leurs idées au service de la ville éponge, un sujet de plus en plus pertinent à leurs yeux.
« Le climat sur notre planète évolue énormément, si bien que la ville de demain sera soumise à un climat chaud tropical, et à des événements météorologiques plus fréquents et plus violents, considèrent-ils. Ainsi, la problématique de la gestion de l’eau dans la ville est un facteur primordial à prendre en compte. De plus, le matériau béton, de par son potentiel et ses multiples domaines d’application, correspond pleinement aux enjeux engendrés par le thème de la ville éponge. »
Participez à la prochaine édition
7ème édition du Concours Génie Civil à l’attention des écoles d’ingénieurs et des IUT organisé par le SNBPE (Syndicat National du Bêton Prêt à l’Emploi) et Cimbéton, sur le thème « Le biomimétisme, source d’inspiration pour les bétons : à la conquête des villes du futur ».
Le biomimétisme vise à s’inspirer du vivant, et peut aider à concevoir de nouveaux matériaux de construction et imaginer de nouvelles solutions architecturales et urbanistiques. La ville est un terrain d’application, qui peut s’aménager comme un écosystème, assurant des fonctions biologiques et offrant des services écosystémiques.
Lancement du concours : février 2021
Clôture des dossiers : le 3 septembre 2021
Annonce des résultats : 10 septembre 2021