Fin 2020, vous avez livré une halle multisports, dont le projet a été initié par l’école Polytechnique. Pourriez-vous nous en rappeler les enjeux ?
Séverine Stoffel : Cette nouvelle halle de sports, mutualisée entre Polytechnique, Télécom Paris Tech, Agro Paris Tech, l’Institut Mines Télécom et l’ENSTA, est destinée à favoriser les échanges entre les étudiants, mais aussi à diversifier l’offre des pratiques sportives sur le campus de Saclay avec quatre espaces : judo, arts martiaux/fitness, musculation, boxe.
Insérée au cœur d’un quartier très urbanisé, la halle a été envisagée comme un pôle d’animation sur un axe de circulation douce amené à prendre de l’importance. Cet espace, à la fois ouvert sur l’extérieur et intime pour les sportifs, devait aussi s’inscrire dans une démarche de haute qualité environnementale en répondant aux contraintes climatiques, été comme hiver.
Ce bâtiment a la particularité d’être « bioclimatique ». Qu’est-ce que cela a impliqué d’un point de vue architectural ?
Séverine Stoffel : Le cahier des charges préconisait, entre autres, de réduire les consommations d’énergie et d’eau, de proscrire l’utilisation de climatisation et de favoriser la ventilation et l’éclairage naturels. Il fallait aussi proposer des espaces intérieurs confortables aux plans thermique et acoustique, et privilégier l’utilisation de matériaux recyclables. Le bâtiment, orienté au sud, devait par conséquent minimiser les effets de surchauffe en été et être le plus compact possible avec des circulations réduites.
Très vite, nous avons retenu le principe d’une galerie ombragée en façade permettant de créer un tampon thermique bloquant les rayons du soleil en été et les laissant diffuser en hiver. Pour donner de la légèreté au bâtiment, nous avons également imaginé une arcade dynamique, constituée de volutes monumentales supportant la toiture.
Ces voiles de galerie ont été réalisées en béton. En quoi sont-elles inédites ?
Séverine Stoffel : Pour les concevoir, nous avons réalisé, en partenariat avec le Bureau d’études ingénierie Batiserf, plusieurs simulations en tenant compte de la course du soleil suivant les saisons, et retenu trois différentes formes de volutes vrillées à implanter en façade.
Réalisées en béton armé, les 43 voiles de 9 tonnes ont été coulées dans des moules en acier et en bois poli pour avoir un aspect de surface aussi lisse que possible.
Le choix des agrégats nous a permis d’obtenir des voiles très blanches, permettant de refléter les rayonnements solaires les plus violents de l’été. En plus de contribuer à l’esthétique du bâtiment, cette enveloppe extérieure a une vraie fonction de régulateur thermique, assurant un jeu d’ombres et de lumière sous la galerie. Elle est le fruit du calcul mathématique et de la plastique architecturale au service de l’environnement.
En quoi le béton est-il adapté aux enjeux bioclimatiques ?
Séverine Stoffel : Matériau durable, inerte, recyclable et facile à entretenir, le béton est particulièrement bien adapté à des constructions bioclimatiques, puisqu’il permet de construire des bâtiments compacts limitant les déperditions d’énergie et possédant une bonne inertie thermique.
Pour ce projet, qui a fait l’objet d’une démarche de certification expérimentale Certivea, le béton nous a permis de réaliser tout ce que l’on avait imaginé, notamment les volutes de la galerie, avec un résultat technique, esthétique et environnemental particulièrement satisfaisant.