L’effet du revêtement routier sur la consommation
Parallèlement aux technologies déployées sur les véhicules pour réduire leur consommation, n’y aurait-il pas moyen d’améliorer les revêtements routiers ? C’est ce que le Conseil National de Recherches du Canada (CNRC) et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont étudié.
« Les travaux du MIT, basés sur la modélisation mathématique plutôt que sur des campagnes de mesure in situ de la consommation de carburant, ont démontré que des routes en asphalte dissipent davantage d’énergie que des revêtements en béton, explique Guillaume Lemieux, de l’Association Canadienne du Ciment. Les effets combinés de la rugosité et de la déflexion* d’une chaussée en asphalte sont responsables d’une surconsommation de carburant de 3 à 7 %. Et plus, le véhicule est lourd, la température élevée et la vitesse réduite, plus l’écart est important ! »
Des vérifications expérimentales conduites pas d’autres universités, comme la Florida International University, valident ces ordres de grandeur.
Meilleure durabilité, faible entretien
Toujours d’après cette étude, des revêtements routiers moins déformables permettraient de réduire les émissions annuelles de dioxyde de carbone (CO2) de près de 46 millions de tonnes aux États-Unis. Une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre serait donc possible en construisant des routes entièrement en béton ou, à défaut, en faisant appel à des structures composites constituées d’un revêtement en béton posé sur une fondation en grave bitume.
« L’impact environnemental du béton s’analyse sur son cycle de vie, beaucoup plus long que l’asphalte, avec un entretien extrêmement réduit », souligne Guillaume Lemieux.
D’une durée de vie estimée à près de 50 ans, les routes en béton ne requièrent une régénération de l’état de surface qu’au bout de 20 ans. Résistant mieux aux effets du gel et du dégel, elles sont peu sujettes aux fissurations et aux nids-de-poule. « Au Canada, les restrictions de circulation imposées aux poids lourds lors du dégel printanier sont supprimées sur des routes en béton », indique Guillaume Lemieux.
Un bilan économique et environnemental favorable
Plus durable dans le temps avec une moindre maintenance, le béton, dont le coût des matières premières varie peu, s’avère plus économique à long terme que l’asphalte. Compte tenu de la moindre dépense d’énergie pour la production de ses matières premières, sa construction et son entretien, le revêtement béton présente également un bilan énergétique et environnemental plus favorable.
« Tous ces atouts devraient conduire les États et les collectivités à reconsidérer l’usage du béton pour la construction routière et autoroutière, en le mettant plus souvent en concurrence avec l’asphalte », conclut Guillaume Lemieux. Une stimulation favorable à l’innovation, à la performance des matériaux et à la baisse des coûts.
* La déflexion est la déformation verticale de la chaussée sous l’effet d’une charge.