« Métro ! Le Grand Paris en mouvement » révèle la complexité du Grand Paris Express, le futur réseau de transports francilien et l’un des fleurons de l’ingénierie française. L’exposition de la Cité de l’architecture et du patrimoine dresse le tableau urbain, architectural et artistique des futures gares et d’un nouveau paradigme, puisque le modèle n’est plus radioconcentrique mais périphérique, avec la double boucle formée autour de la capitale par les lignes 15, 16 et 18.
Cinq grandes thématiques sont abordées : l’aventure urbaine sur les rails entre imaginaire et réalité́ ; l’imaginaire du métro au cinéma ; du sous-sol à l’espace public ; l’Archipel du Grand Paris et, pour conclure, les voix et les visages du Grand Paris.
Le métro dans l’imaginaire
Photographies, plans et maquettes racontent le lien intime de Paris avec son métro et tous les changements qu’il a accompagnés depuis le Métropolitain d’Hector Guimard jusqu’à nos jours.
De grands moments de bravoure technologique sont évoqués, tels que le percement de la rue de Rivoli, le passage des caissons sous la Seine dans un sol congelé, la superposition des lignes à Opéra ou l’escalier vertigineux de la station Abbesses.
Des cycles de conférences, des projections de films et des rendez-vous autour de l’exposition rappellent la place du métro – « Ce formidable travelling dans la ville », selon Joachim Lepastier, critique et concepteur de cette séquence de l’exposition – dans notre imaginaire et au cinéma.
Des géants modestes, les tunneliers
Dans ce panorama général de l’aventure du Grand Paris Express, les 23 tunneliers qui ont percé 200 kilomètres de voies occupent une place particulière. Introduits dans le sous-sol, entre 15 et 55 mètres de profondeur, par de larges puits – plus de 60 mètres de diamètre – aux parois moulées renforcées par des butons, ces “trains-usines” de 1600 tonnes creusent leur galerie à une vitesse moyenne de 15 mètres par jour.
Dans leur sillage sont posés les voussoirs préfabriqués en béton armé qui formeront l’anneau du tunnel.
Pour illustrer ce travail de titan, la Société du Grand Paris a installé au Trocadéro, le temps de l’exposition, la roue de coupe du tunnelier « Dorine ».
Ainsi baptisé par sa marraine, Dorine Bourneton, la première pilote de voltige paraplégique au monde, il a relié les lignes 16 et 17 entre La Courneuve et Le Bourget avec ses 69 tonnes et ses 8 mètres de diamètre.
Des solutions « béton » pour différents types de stations
Un cloud de dessins d’architectes présente la grande diversité des nouvelles stations, tantôt construites en centre-ville, tantôt en rase campagne : profondes gares « piranésiennes », gares « paysages », « passages » ou, plus rarement, gares « ponts ou aériennes ». Chacune illustre comment le béton est l’allié incontournable de ces architectures en grande partie souterraines.
Parois moulées, radiers, coques, voiles de béton, méga-poteaux de soutien des planchers des stations, structures des gares : plusieurs formulations sont nécessaires selon les applications recherchées.
Une quinzaine, par exemple, sur le chantier de la gare de Villejuif Institut Gustave-Roussy. Le béton autoplaçant a été particulièrement utilisé pour sa grande fluidité qui permet de remplir la totalité des coffrages et pour la rapidité de sa prise qui accélère le rythme des cycles de coffrages-décoffrages.
« Comme nous construisions ces éléments en “descendant” par passes de 4 mètres, il ne nous était pas possible de venir vibrer les bétons car les coffrages étaient en “cote bloquée” en partie haute. C’est pour cela que nous avons opté pour de l’autoplaçant », explique Jean-Christophe Bobinet, directeur des travaux du site.
L’art contemporain au cœur du projet
Chaque station allie « en tandem » le travail d’un architecte et d’un artiste. Outre les prouesses technologiques, l’exposition présente le travail des artistes contemporains qui ont créé les différents univers des stations. Perspective minérale d’Abdelkader Benchamma sur les parois de la gare Mairie de Vitry-sur-Seine, végétale pour celle d’Eva Jospin à la gare Hôpital Bicêtre, ou encore lumineuse pour Suzanna Fritscher à Saint-Maur-Créteil. Les quais sont ornés par des artistes issus de l’univers du graphisme et de la bande dessinée.
En fin de parcours, le visiteur découvre le mobilier signé par le designer Patrick Jouin, la signalétique de Ruedi Baur et une création numérique projetée sur un écran de cinq mètres qui permet de s’immerger dans les ramifications de nouveau réseau.
Pour conclure l’exposition, des alcôves offrent un tête-à-tête virtuel avec des penseurs et des acteurs de la ville sur le thème des mobilités.
Pour Dominique Perrault, commissaire de l’exposition, « Le nouveau métro connaîtra ses premières mises en service dès l’année prochaine [ndlr : en 2024]. Nous avons conçu l’exposition « Métro ! » comme un espace de découverte, des origines du métro à la naissance du futur réseau mais, encore, comme un lieu d’information et de débat sur le développement de la métropole ». Un vaste champ de réflexion !