Située dans le quartier de Fives, à Lille, l’ancienne usine Cail Babcock (1861-1997) a longtemps fait les beaux jours de l’industrie française.
Parmi les faits d’armes de ses ouvriers figurent par exemple la fabrication des tunneliers qui ont servi à creuser le tunnel sous la Manche.
Une fois le site fermé, en 2001, l’idée s’est imposée de faire émerger un écoquartier métropolitain en lieu et place de la friche de 17 ha.
Objectif réhabilitation et réemploi
Dans le cadre de ce programme, Etic, un fonds d’investissement agréé entreprise solidaire d’utilité sociale, assure la maîtrise d’ouvrage d’un projet visant à créer un tiers-lieu à vocation citoyenne sous l’une des halles du site : La Loco.
Une équipe d’architectes composée des agences Atelier 204 et OCA a été désignée en 2018.À l’époque, les principes devant guider le renouvellement urbain de la ZAC sont déjà formulés.
« Nous avons retenu la volonté d’une réhabilitation attentive à l’existant, qui démontre son caractère écologique par la préservation des infrastructures en place et le recours au réemploi d’éléments du second œuvre pour son aménagement », explique Quentin Hatry, de l’Atelier 204.
Enchâsser un bâtiment neuf de 2 600 m² sous une halle, en favorisant les matériaux vertueux, l’économie circulaire et les énergies renouvelables, tout en ouvrant largement le tiers-lieu sur la ville : le défi est de taille. Un imprévu va le rendre encore plus épineux…
200 tonnes de béton recyclé
Dans un premier temps, l’objectif de labellisation (E3C2 du label E+C-) incite les architectes à privilégier une structure en bois complétée par une solution de bardage dans les étages. Mais, alors que les études sont en cours, les conclusions d’un rapport sur la sécurité incendie et le contexte economique du projet obligent à abandonner cette piste.
« Dès lors, nous avons recherché d’autres potentiels, avec le souhait d’optimiser à la fois les paramètres écologiques et esthétiques », confie Quentin Hatry.
La rencontre avec l’entreprise régionale Biallais Industries s’avère déterminante. Pour la façade de la Loco, elle produit 200 tonnes de blocs béton de parement comportant, à hauteur de 30 %, des granulats recyclés issus de la déconstruction d’un magasin de bricolage.
Un appareillage particulier est imaginé autour des blocs, avec des joints horizontaux affleurants et des joints verticaux creusés pour créer un jeu d’ombre original sur la façade. S’ajoute à cette enveloppe un doublage intérieur en isolant biosourcé.
Lors de la phase opérationnelle, la nécessité de construire les murs au plus près de la structure métallique existante contribue à complexifier le chantier, nécessitant, pour le levage des matériaux, de manipuler une grue mobile en veillant aux poteaux.
En juillet 2024, le programme a été livré : un café et un magasin partagé au rez-de-chaussée, des bureaux en mode coworking et 160 postes de travail dans les étages.
Quant à la halle, elle offre des espaces extérieurs couverts, propices aux rencontres et échanges. Les premiers occupants ont pris possession des lieux, et Etic a exprimé sa satisfaction devant le résultat de six années d’efforts conjoints.