: Une renaissance pour « le Paquebot » à Cachan

Comment ce bâtiment s’inscrit-il dans l’identité de la ville ?

La ville a développé dès le début du XXe siècle une vie étudiante sur son territoire. Le jeune fondateur de l’ESTP*, Léon Eyrolles, décida d’y installer en 1904 les premiers bâtiments de cette nouvelle école d’excellence. Sur un territoire de 8 hectares, l’ingénieur-pédagogue, qui fut maire de la ville de 1929 à 1944, a œuvré pour transformer ce site en un campus à l’américaine avec espaces d’enseignement, logements et équipements sportifs. Dans une belle dynamique, en 1956, l’École normale supérieure de l’enseignement technique (ENSET), qui préfigure l’ENS, s’implante à deux pas. C’est aussi l’année où le Paquebot est inauguré.

Parlez-nous de ce Paquebot…

Ce restaurant universitaire est un bâtiment emblématique du campus, construit par Robert Camelot, à la fois architecte et urbaniste. Il s’inscrit dans le courant moderniste, caractérisé par des lignes géométriques franches, formées d’acier, de béton armé et de verre, qui ouvrent des espaces fonctionnels, vastes et clairs. Il témoigne de l’architecture brutaliste, composée de formes géométriques massives et anguleuses, et surtout de l’utilisation du béton « brut » comme matériau principal.

Quels sont les objectifs de sa rénovation globale ?

Les directives du Crous de l’Académie de Créteil sont claires. Il s’agit d’abord de réaliser d’importantes économies d’énergie en améliorant l’isolation thermique, et d’en faire un lieu de vie ouvert sur la ville. En plus de la restauration, des espaces de détente et de travail, ouverts entre 11h et 22h, seront proposés aussi bien aux 6 500 étudiants présents sur le site qu’aux habitants.

©Banjee

« Le système constructif du bâtiment, basé sur un rythme régulier de portiques en béton armé sur lesquels reposent deux à trois niveaux de plancher en porte-à-faux, se prête tout à fait à l’exercice d’une rénovation intérieure totale. »

Sonni Celencaut, architecte, Engasser & associés.

©Banjee

« Un bâtiment emblématique qui offre un cadre de vie de qualité. »

Gaétan Engasser, architecte, fondateur et gérant, Engasser & associés.

Comment le système constructif du bâtiment vous a-t-il guidé dans cette rénovation ?

Le système constructif du bâtiment, basé sur un rythme régulier de portiques en béton armé sur lesquels reposent deux à trois niveaux de plancher en porte-à-faux, se prête tout à fait à l’exercice d’une rénovation intérieure totale. Cet équipement repose en effet sur le concept du « Plan libre » défini par Le Corbusier en 1926. Le poids du bâtiment repose sur des poteaux-dalles disposés régulièrement, ce qui laisse une grande liberté d’aménagement et permet la mise en place d’espaces aux usages variés. Ainsi, notre intervention a consisté à mettre en valeur tous les potentiels inexploités du lieu, tout en préservant l’intégrité des volumes et des grands plateaux.

Quel était l’état de la structure béton ?

La structure béton du bâtiment est en bon état. A certains endroits, suite notamment à la création de deux patios de lumière végétalisés, quelques poteaux ont été renforcés pour pouvoir exploiter une plus grande surface de plateau au rez-de-chaussée. Dans les zones accessibles au public, toutes les dimensions des éléments structurels ont été conservées, seules quelques retouches en béton ont été nécessaires.

Le chantier est en cours. Quel est le calendrier du projet ?

Une première livraison, prévue d’ici octobre 2024, concerne les deux étages : au premier, avec la cuisine centrale et les deux salles à manger pour les étudiants, les lycéens et leurs professeurs ; et au dernier étage, avec trois salles de formation modulaires, une salle à manger pour des réceptions et une salle polyvalente pour l’organisation de spectacles. Tandis que le rez-de-chaussée, animé par des espaces consacrés au travail, à la restauration, au sport ou à la musique, sera prêt mi-2025.

(*) École spéciale des travaux publics du bâtiment et de l’industrie.

Par Jean Didier, le 06/05/2024.