Quels sont les objectifs du projet ISSU (Innovations et Solutions face à la Surchauffe Urbaine) ?
Démarré en 2024, le Projet National ISSU cherche à comprendre les facteurs de rafraîchissement à partir d’une approche multicritères (confort des habitants, matériaux, sols, eau, végétation…), puis à établir des outils d’analyse de la performance des solutions à déployer pour réduire le phénomène de surchauffe.
Il a pour ambition de créer un écosystème transversal et multidisciplinaire, avec des acteurs publics et privés des sciences des matériaux et du monde végétal, sociales et économiques, mais aussi d’installer et d’instrumenter des démonstrateurs, qui seront notamment basés à Lyon, Toulouse et Marseille.
Quels sont les verrous que le projet entend lever ?
Le premier objectif est de mieux caractériser les propriétés des matériaux qui composent les solutions de rafraîchissement urbain. Cela passe par l’établissement de protocoles fiables et partagés, qui autoriseront aussi la comparabilité de leurs performances.
Le second verrou à lever concerne l’évaluation intégrée des services rendus par les solutions. Leur intégration dans un écosystème urbain ouvert, via un cadre d’analyse multicritères, permettra d’évaluer leurs comportements, interactions et performances dans différents contextes.
Le troisième est celui du passage des résultats de laboratoire à l’épreuve sur le terrain, en confrontant les résultats issus de la modélisation à ceux de l’expérimental. Les composants, caractérisés à l’échelle du laboratoire, seront en effet testés dans des démonstrateurs en sites urbains. Ces mesures in-situ seront alors comparées aux caractéristiques mesurées en laboratoire.
Cela nécessitera-t-il de développer de nouvelles méthodes ?
Les méthodes concernant les propriétés radiatives et thermiques sont relativement bien connues, mais ne font pas nécessairement consensus et ne disposent pas d’un référentiel normatif en Europe. Il en est de même pour les propriétés hydrauliques et de perméabilité. En revanche, peu de méthodes existent pour caractériser les propriétés hydriques des matériaux, notamment leur capacité à évaporer et évapotranspirer, ce qui fera l’objet de recherches plus en amont.
« Les bétons drainants pourraient apporter des réponses sur les propriétés radiatives, thermiques et hydriques attendues, permettant aussi un début de désimperméabilisation des sols et de captation des eaux de pluie à la parcelle. »
Isabelle Dubois-Brugger, directrice opérationnelle du projet national de recherche ISSU.
Quelles solutions de rafraîchissement en béton pourront être évaluées ?
Les bétons décoratifs clairs et les bétons drainants feront l’objet d’une attention bien spécifique. Les bétons drainants pourraient apporter des réponses sur les propriétés radiatives, thermiques et hydriques attendues, permettant aussi un début de désimperméabilisation des sols et de captation des eaux de pluie à la parcelle.
Comment les résultats seront-ils partagés pour la bonne mise en œuvre des solutions de rafraîchissement ?
Pour les acteurs de la filière béton et les collectivités, les résultats et documentations sur les composants et solutions seront disponibles dans une base de données. Et des journées d’échanges seront organisées au niveau des démonstrateurs, afin de partager les retours d’expériences et les bonnes pratiques.